Parc des Bastions et Grand-Théâtre de nuit (mars 1936)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Genève | Lieu-dit | : Parc des Bastions |
La photo est prise à l’entrée du parc des Bastions avec au premier plan les grilles de l'accès au parc depuis la place Neuve (« Place de Neuve » depuis le 6 juillet 1988 date de l’arrêté du Conseil d'État).
Situé en plein coeur de Genève, au pied de la cité, sous la promenade de la Treille, le parc des Bastions est un lieu de détente polyvalent très apprécié des Genevois. Il constitue un oasis de verdure de 65 000 m2 au milieu d’immeubles et de trafic. Le parc est parsemé par les bustes de nombreux genevois célèbres à commencer par le célèbre Mur des Réformateurs qui fait face au bâtiment de la faculté des Lettres de l'Université de Genève. Le parc est d'ailleurs très populaire auprès des étudiants, qui dès les beaux jours s’éparpillent un peu partout dans le parc. En été, des chaises-longues sont à la disposition du public. Le parc accueille régulièrement des événements majeurs de la vie culturelle genevoise telle que la Course de l'Escalade.
Pendant la période sombre de l’occupation française de 1798 à 1813, la promenade abrite durant un temps des écuries construites à l'intention de la cavalerie des troupes de la garnison française et en pleine période de disette, le terrain est défriché et planté de pommes de terre.
La promenade des Bastions est créée en 1817 par Augustin-Pyrame de Candolle qui y réalise le premier jardin botanique de Genève dans la partie centrale de la promenade. En 1818, une orangerie et des serres sont aménagées en sur les plans du général et ingénieur cantonal Guillaume Henri Dufour. En 1824, un conservatoire botanique complète l'ensemble qui sera démoli en 1910 pour laisser place au Mur des Réformateurs inauguré à sa place le 7 juillet 1917.
Le Grand Théâtre que l’on voit illuminé de l’autre côté de la place Neuve prend place parmi les plus importants théâtres européens en matière lyrique et sa renommée contribue grandement au rayonnement culturel de Genève.
C’est sous l'influence de Voltaire que l'opéra commence à s'épanouir à Genève, en 1738 dans une première salle de spectacles aménagée au Jeu de Paume de Saint-Gervais. On y joue la comédie, la tragédie et la poésie lyrique, mais en 1739, la cité de Calvin refuse de laisser entrer les comédiens.
En 1766, un théâtre en bois est construit pour distraire les troupes bernoises, zurichoises et françaises venues maintenir l'ordre dans la Cité. Le théâtre de Rosimond (du nom de son architecte, Argus Rosimond) se trouve à l'entrée du Bastion souverain, aujourd'hui le parc des Bastions. Surnommé aussi la "Grange des Etrangers" en raison de son public, il brûle dans la nuit du 29 au 30 janvier 1768.
Quelques années plus tard, en 1782, une vague d'agitation parcourt Genève et le gouvernement appelle en renfort des troupes françaises, bernoises et sardes. A nouveau, il faut un théâtre pour la distraction des officiers et c'est ainsi que débute la construction du Théâtre de Neuve, qui ouvre ses portes en 1783 à l'endroit même où se trouvait le théâtre Rosimond. Pendant les troubles révolutionnaires, le théâtre ferme à plusieurs reprises. Il devient même le lieu de réunion d'un club révolutionnaire pour être ensuite transformé en filature. Le 11 octobre 1797, un arrêt confirme l'interdiction de tout spectacle.
Il faut attendre l'annexion de Genève par la France pour que le théâtre soit rouvert et pendant les quinze années d'occupation, il accueille des troupes d'artistes français. A la Restauration, en 1813, les comédiens quittent Genève avec l'armée française et le théâtre est rouvert en 1817. Après une longue activité ininterrompue, il est démoli en 1879 pour laisser la place à un nouveau théâtre correspondant mieux aux exigences accrues et à l'augmentation de la population.
En 1861 naît l'idée de bâtir un grand théâtre mais faute d'argent, aucun projet ne démarre. C’est finalement grâce à l'héritage du duc Charles de Brunswick (en 1873), et au don d'un terrain de 3000m2 par l’Etat de Genève que la construction du Grand Théâtre est rendue possible. Le 4 octobre 1879, ce théâtre de 1300 places est inauguré par un gala d'ouverture avec la représentation du Guillaume Tell de Rossini.
Le 1er mai 1951, un incendie détruit complètement le bâtiment de scène et la salle, sauf le foyer, lors d'une répétition de la Walkyrie. Les travaux de reconstruction commencent en 1957 et le nouveau Grand Théâtre est inauguré le 10 décembre 1962 avec la représentation de Don Carlos de Verdi.
Le Grand Théâtre devient rapidement la plus grande structure de ce type en Suisse romande. De style Second Empire, inspiré de l’Opéra de Paris, la façade tripartite est enrichie de nombreuses sculptures et moulures. Quatre statues situées sur l'avant-corps central du socle représentent les allégories, respectivement de la tragédie, de la danse, de la musique et de la comédie.
Cliché de Roger Hauert - Collection Bernard Hauert.