Archamps vu par Pauline de Beaumont
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Archamps (74) | Lieu-dit | : Le village |
Singulière destinée que celle des De Beaumont. L’histoire genevoise et salévienne de cette famille commence à la fin du XVIIe siècle, lorsque Louis Bouthillier de Beaumont, riche négociant protestant venu du Dauphiné, arrive à Genève à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes. En 1710, ce futur bourgeois de la cité de Calvin achète un vaste domaine au Bourg d’en-haut, à Collonges-sous-Salève. Durant le XVIIIe siècle, les De Beaumont poursuivent avec succès leurs activités de négociants et de banquiers, avant que le XIXe siècle n’amène une vraie révolution dans cette famille !
En effet, voici que Gabriel de Beaumont (1811-1887) décide un jour d’abandonner le négoce pour se lancer dans une carrière artistique. Il ne le sait pas encore, mais il sera à l’origine d’une véritable dynastie de peintres, avec son fils Auguste (1842-1899), sa fille Pauline (1846-1904) et Gustave (1851-1922), son neveu. C’est à Genève, auprès du peintre Jean-Léonard Lugardon, qu’il se forme à différentes techniques, avant de développer une œuvre artistique remarquable et diversifiée, où le portrait côtoie le paysage. Entre deux voyages en Italie, le rentier Gabriel de Beaumont vit dans sa propriété familiale de Collonges, où les paysages du Salève et du lac Léman lui offrent de multiples sujets à peindre.
Faisant sienne la maxime « bon sang ne saurait mentir », Auguste, l’un des fils de Gabriel, s’initie à la peinture auprès de son père, avant de partir se perfectionner en Italie, sous l’aile bienveillante de son cousin, le paysagiste Étienne Duval. Travaillant à Collonges l’été, et dans son atelier genevois l’hiver, Auguste de Beaumont est un proche du grand peintre suisse Ferdinand Hodler. Il réalise principalement des paysages, mais aussi des oiseaux, observés au Salève, qu’il a appris à dessiner auprès du peintre animalier Charles Humbert.
Tout comme Auguste, sa sœur Pauline a voué sa vie à la peinture. Elle fut au bénéfice d’une solide formation artistique, d’abord familiale, puis parisienne, dans l’atelier d’Hyppolite Flandrin, à l’École des Beaux-arts. Pourtant, selon l’écrivain Gaspard Vallette, « Pauline de Beaumont ne fut l’élève d’aucun maître. Aussi bien le procédé, le métier, la virtuosité pure tiennent peu de place dans son art. À l’exemple de Corot, elle voulut et su peindre « sentiment sur sentiment ». Et dans ses paysages, c’est son âme surtout qu’elle exprime ».
Reconnue par ses contemporains, Pauline de Beaumont exposera avec succès à l’Exposition nationale de Genève en 1896 et à l’Exposition universelle de Paris en 1900. Lors de ces vernissages, ses paysages de vastes horizons et de grands ciels furent remarqués par la critique.
Il faut encore ajouter à ce trio Gustave de Beaumont, neveu de Gabriel, formé à Paris et en Italie, qui s’est illustré dans l’histoire de la peinture genevoise comme un artiste aux multiples talents. Il est notamment connu pour ses fresques au Grand Théâtre ou à la mairie des Eaux-Vives. Gustave a lui-aussi beaucoup fréquenté le domaine de Collonges, où il a peint de nombreuses toiles ayant pour thème la nature du Salève.
Alors que l’on redécouvre depuis quelques années leur remarquable travail, ce quatuor de peintres peut aussi compter sur l’indéfectible soutien de leur descendant Luc Franzoni qui, depuis l’ancestrale demeure du Bourg-d’en-Haut, veille avec enthousiasme sur la mémoire familiale.
Pour voir la suite de l’histoire illustrée de la famille De Beaumont, passez à la photo suivante.
Cette vue a eu l'honneur d'être choisie par D. Ernst afin d’illustrer son livre « Le Salève, des histoires et des hommes » publié en 2015 chez Slatkine et en vente à La Salévienne.
Légende de D. Ernst.
Collection L. Franzoni.