Photos et cartes postales
Lord Byron et Lamartine au Salève
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Beaumont (74) | Lieu-dit | : Grand Piton |
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Double inscription dans le rocher calcaire des noms de Lord Byron et Lamartine. Cet hommage aux grands poètes du XIXe siècle est gravé dans le rocher calcaire à quelques mètres au nord de la célèbre tour des Pitons.
Les deux hommes appréciaient le Salève et ils ont, à de nombreuses reprises, arpenté les sentiers pentus de ce massif.
George Gordon Byron, Lord Byron, (1788-1824) est l'un des plus illustres poètes de l'histoire littéraire de langue anglaise. « Hors norme et sulfureux, homme de conviction autant que de contradictions, à la fois sombre et facétieux, excessif en tout, grand sportif, éternel amoureux (de l'Italie, de la Grèce, des femmes, des hommes…), pourfendeur de l'hypocrisie sous toutes ses formes, il reste une source d'inspiration pour de nombreux artistes, peintres, musiciens, écrivains et réalisateurs ». Lord Byron était arrivé à Genève en 1816. Avec un autre poète anglais, Percy Shelley, accompagné de sa future épouse, Mary Godwin, qui deviendra célèbre en écrivant le roman « Frankenstein », Byron fit de longues excursions dans les montagnes environnantes, du modeste Salève à la Mer de Glace de Chamonix.
Alphonse de Lamartine est l’auteur d’un poème mentionnant le Salève ; publié en 1825 « Dédicace au Dernier chant du pèlerinage d'Harold », conclusion du poème inachevé de son ami Lord Byron « Le Pèlerinage de Childe Harold » :
- Te souviens-tu du jour où gravissant la cime
- Du Salève aux flancs azurés,
- Dans un étroit sentier qui pend sur un abîme
- Nous posions en tremblant nos pas mal assurés?
- Tu marchais devant moi. Balancés par l'orage,
- Les rameaux ondoyans du mélèze et du pin,
- S'écartant à regret pour t'ouvrir un passage,
- Secouaient sur ton front les larmes du matin ;
- Un torrent sous tes pieds s'écroulant en poussière,
- Traçait sur les rochers de verdâtres sillons,
- Et, de sa blanche écume, où jouait la lumière,
- Élevait jusqu'à nous les flottans tourbillons.
- Un nuage grondait encore
- Sur les confins des airs, à l'occident obscur,
- Tandis qu'à l'orient le souffle de l'aurore
- Découvrait à moitié d'un ciel limpide et pur,
- Et dorait de ses feux la voile qui colore
- Des vagues du Léman l'éblouissant azur !
- Tout à coup sur un roc, dont tu foulais la cime,
- Tu t'arrêtas : tes yeux s'abaissèrent sur moi ;
- Tu me montrais du doigt les flots, les monts, l'abîme,
- La nature et le ciel... et je ne vis que toi !...
- Ton pied léger semblait s'élancer de sa base ;
- Ton œil planait d'en haut sur ces sublimes bords ;
- Ton sein, oppressé par l'extase,
- Se soulevait sous ses transports,
- Comme le flot captif qui, bouillant dans le vase,
- S'enfle, frémit, s'élève et surmonte ses bords.
- Sur l'angle d'un rocher ta main était posée ;
- Par l'haleine des vents goutte à goutte essuyés
- Tes cheveux trempés de rosée,
- Distillaient lentement ses perles à tes piés.
- Des cascades l'écume errante
- Faisait autour de toi, sur un tapis de fleurs,
- De son prisme liquide ondoyer les couleurs,
- Et, d'une robe transparente,
- Semblait t'envelopper dans ses plis de vapeurs !
- Tu ressemblais... Mais non, toute image est glacée.
- Rien d'humain ne saurait te retracer aux yeux ;
- Rien... qu'une céleste pensée,
- Qui, durant un songe pieux,
- Sur ses ailes de feu dans les airs balancés,
- Et du sein d'un cœur pur vers Dieu même élancée,
- S'élève, et plane dans les cieux !
- Je te vis ; je jurai de consacrer la trace
- De ce trop rapide moment,
- Et de graver ici ton nom... Ta main l'efface
- De ce fragile monument.
- Un jour, quand je te verrai lire
- Ces vers dont un regard est le seul avenir,
- Si tes yeux attendris ne peuvent retenir
- Une larme aux sons de ma lyre,
- Ah ! qu'au moins tu puisses te dire :
- « Ces chants qui m'ont ému, c'est moi qui les inspire,
- Et sa muse est mon souvenir ! »
Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge et prosateur en même temps qu'un homme politique français qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.
Photo G. Lepère (juillet 2009).