Famille Lachat au bord d'un nant (1890)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Vers (74) | Lieu-dit | : - |
La photo
Ce cliché daté de 1890 est issu de la collection de M. Sublet. Au verso il est écrit à l’encre « Nous 6 au bord d'un ruisseau dans le bois qu'on traverse (Montblesson) entre Beaumont et Vers - Chez-les-Blanc - Juillet 1890 ». Le mot « Alice » a été ajouté au crayon.
Le lieu
La route la plus directe entre Beaumont (Haute-Savoie) et Vers passe par Présilly en suivant la D18, la D218, la route du Thouvet (VC2 du CD23) et la D23. La famille Lachat a traversé trois nants (ruisseau) : le Grand Nant, le nant du Rat, son affluent et le nant des Rutiers. Les deux premiers sont sur la commune de Présilly et le dernier est sur Vers. Le bois pourrait être le bois du Rat (ou du Roi) sur le côté nord du mont de Sion.
Actuellement, nous situons plutôt cette halte familiale au bord du nant des Rutiers. Enquête en cours...
Montblesson
Ce toponyme n’est pas connu des spécialistes régionaux. À noter que la « Blesson » est une variété de poire des Savoie utilisée pour confectionner la garniture des fameuses rissoles (r'zules en patois), dessert typique de la Yaute.
Chez-les-Blanc
Ce toponyme n’est pas connu non plus sur Vers, mais nous savons que depuis la Révolution française des Blanc sont établis Beaumont ; ils avaient acquis les biens de la cure et habitaient au centre de Beaumont...
Les personnages
Le prénom (Alice), l’origine (Beaumont) et la date (1890) ont permis à J.-L. Sartre de trouver cette famille dans les généalogies qu’il a étudiées. De gauche à droite :
La famille Lachat
Antoine Lachat, né à Beaumont le 17 novembre 1841, décédé le 22 mars 1906, marié le 20 novembre 1877 à Genève avec Séraphine Lélia née à Annecy le 20 octobre 1846. Ils eurent cinq enfants :
1 - Jeanne Alice Lachat née à Beaumont le 9 octobre 1880, bonnetière. Décédée à Saint-Pierre-en-Faucigny le 1er septembre 1972, mariée à Beaumont le 17 mars 1908 avec Henri Mandallaz, né à La Balme de Sillingy le 23 juillet 1881, décédé en 1953 (sépulture à Beaumont), maréchal-ferrant au Châble. Le couple eut une fille, Marie Blanche Mandallaz, née à Beaumont le 25 mai 1909, institutrice, mariée le 16 septembre 1939 au Petit-Bornand à Anselme Gaillard.
2 - Amélie Aimée Lachat, née à Beaumont le 27 mai 1882, décédée à Annecy le 10 juin 1960, mariée à Beaumont le 28 avril 1914 avec Émile Berthoud, né à Cruseilles le 3 octobre 1882, charcutier, tué à Dompierre (Somme) le 11 novembre 1914. Le couple n’eut qu’un enfant, Émile Roger Berthoud, né le 12 janvier 1915 et déclaré pupille de la nation le 20 mars 1919, chanoine, historien. Décédé le 11 septembre 2007 (voir plus bas).
3 - Laurent Antoine Lachat, né à Beaumont le 21 février 1884, décédé à Épinal le 27 février 1919. Agent des Postes, marié à Lyon le 27 septembre 1911 avec Jeanne Bovet, née à Mercurol (Drôme) le 18 mars 1892.
4 - Jeanne Célestine Lachat, née le 17 novembre 1885 à Beaumont.
5 - Estelle Emma Lachat (1888-1973).
Émile Berthoud
Nous reprenons ci-dessous un hommage rédigé par D. Ernst et paru dans le Messager du 20 septembre 2007 :
« Le chanoine Émile Berthoud nous a quittés »
« C’est une personnalité de la vie culturelle et religieuse de Haute-Savoie qui s’est éteinte mardi 11 septembre en la personne du chanoine Émile Berthoud.
Décédé à l’âge de 92 ans, il était né dans le village du Châble (commune de Beaumont) en novembre 1914. Il n’a pas connu son père, mort au champ d’honneur quelques semaines avant sa naissance. Brillant élève, il quitte bientôt son village natal pour poursuivre ses études au collège et au grand séminaire d’Annecy.
Ordonné prêtre à 22 ans, il est ensuite envoyé au séminaire de Rome pour continuer sa formation. Dans cette école réputée, il obtiendra un doctorat en archéologie et histoire de l’art. De retour à Annecy, il est nommé aumônier du 27e bataillon de chasseurs alpins. C’est à ce titre qu’il participe à l’expédition de 1940 à Narvik, en Norvège. Fait prisonnier quelques mois plus tard au Danemark, il rencontre dans un camp de prisonniers près de Hambourg le philosophe Louis Althusser. Les deux hommes sympathisent et donnent bientôt des cours de philosophie et de littérature à leurs compagnons d’infortune pour les distraire de leur captivité. Libéré en 1943, Émile Berthoud entre au collège de Thônes avant d’en devenir le supérieur dix ans plus tard.
De par sa formation, il est aussi nommé responsable du département d’art sacré du diocèse d’Annecy. À ce titre, c’est lui qui a supervisé la plupart des restaurations d’édifice religieux dans le département. Polyglotte, il est mandaté par l’Unesco pour effectuer plusieurs missions en Europe et au Moyen-Orient. Parmi ses nombreuses fonctions – il fut aumônier du 27e BCA, des écoles libres d’Annecy, de l’école de haute montagne de Chamonix, des aviateurs du Bourget-du-Lac – le chanoine a notamment enseigné à l’université de Beyrouth et fait partie du comité scientifique de la prestigieuse revue « Histoire ».
Auteur de nombreux ouvrages, dont un « 2000 ans d’art chrétien » qui lui a valu les félicitations personnelles du pape Jean-Paul II, Émile Berthoud ne connaissait pas le mot « retraite » et poursuivait, à l’âge de 92 ans, ses recherches historiques et philosophiques.
Invité par la société d’histoire régionale La Salévienne en juin 2006 pour présenter une conférence sur l’histoire du Châble, il avait enthousiasmé son auditoire par la qualité de ses propos. Prenant à rebrousse-poil la version officielle qui veut que le village du Châble doive son origine à la présence voisine des moines de la Chartreuse de Pomier, il avait au contraire expliqué que le village n’avait sans doute été créé qu’à partir du moment où la puissance des Chartreux avait décliné dans la région.
Il avait également bien amusé son auditoire en précisant que les Savoyards étaient des brachycéphales (des hommes à têtes rondes) car ils descendaient des Ceutrons, ce peuple ligure qui occupa notre région avant d’être chassé vers les vallées alpines par les Allobroges, qui eux étaient des dolichocéphales (des hommes à tête ovale) ! »
Souvenir du chanoine Émile Berthoud
Nous reproduisons la dédicace élogieuse – parue dans le Bénon n° 23 de juillet 1998 que le chanoine Émile Berthoud, natif du Châble, avait rédigée pour La Salévienne lors de l'édition de son livre « 2000 ans d’Art chrétien » édité chez C.L.D. Résumant magnifiquement ce qui anime La Salévienne depuis son origine, nous nous attacherons à toujours œuvrer dans l'esprit de cette belle dédicace.
« Né au pied du Salève, je suis heureux de dédicacer cet ouvrage à La Salévienne et à ses membres. Je voudrais les féliciter pour le beau travail accompli patiemment, aidant nos compatriotes à mieux connaître - et donc à mieux aimer - ce petit coin de terre où nous avons nos racines et qui a accueilli à bras ouverts de nouveaux compatriotes. Je souhaite que tous apprécient, à la fois, la variété et la douceur d’un paysage qui invite les hommes à y développer une communauté toujours plus fraternelle, scellée par un patrimoine, modeste mais précieux, et par des siècles de vie commune, que n’altère en rien, aujourd’hui, une frontière toute artificielle, provisoire sans doute qui, en tout cas, ne sera jamais une barrière entre les Saléviens qui ne constituent qu’une seule entité. Je forme des vœux pour que la Tour des Pitons et la Sorcière continuent à dominer une terre, qui est le Centre de l’Europe, où chacun puisse trouver le bonheur dans l’amitié et la paix, sous le signe de la Beauté. »
Merci à M. Sublet, Cl. Mégevand, J.-L. Sartre, D. Ernst et M. Porée pour leurs précieuses informations.