Genève, James Fazy
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Commune | : Genève | Lieu-dit | : Boulevard James Fazy |
Jean-Jacob Fazy, que l´on appellera James dès sa tendre enfance, naît à Genève le 12 mai 1794. Il est le second fils de Jean-Samuel et de Jeanne-Marie Fazy. Jean-Samuel Fazy dirige une fabrique d´indiennes (toiles peintes) aux Bergues à Genève, qui emploie plus de 1200 ouvriers. Très vite, il axera l´éducation de James sur la pratique des affaires. A l´âge de 8 ans, il est envoyé avec son frère aîné en Allemagne à Neuwied. Il y apprendra l´allemand durant 4 ans avant de gagner Paris puis la Normandie pour se former à la manufacture des indiennes. En 1811, Fazy achève des études commerciales à Lyon. Il marque à cette période un premier et très vif intérêt pour les sciences économiques et politiques. Il entame ensuite des études de droit en 1814 à la chute de l´Empire.
James Fazy comprend alors qu´il n´est pas fait pour être commerçant et se tourne vers le journalisme. En 1818, il publie «Le privilège de la Banque de France» considéré comme nuisible aux transactions commerciales puis «L´Homme aux portions» en 1821. A Genève entre 1821 et 1823, James Fazy publie une brochure : «Observations sur les fortifications de Genève». Les fortifications étaient en effet l´enjeu d´une lutte sans merci entre conservateurs, désireux de conserver le statu quo, et libéraux, qui souhaitaient leur destruction. Là encore, Fazy aura l´occasion d´appliquer certaines de ses idées 25 ans plus tard. En 1825, James Fazy est de retour à Genève. Déçu par le régime de Charles X en France, il est bien décidé à combattre la constitution conservatrice et aristocratique genevoise de 1814. Il commence par fonder, avec quelques membres de l´opposition le «Journal de Genève». Le premier numéro du «Journal de Genève» paraît le 5 janvier 1826. Il abandonne le journal quelques mois et repart pour Paris en 1827. Il demeure six années dans la capitale française, années qu´il consacre à une intense activité de journaliste. Il est tout particulièrement engagé au sein de la presse d´opposition au gouvernement de Louis-Philippe. Affecté par les échecs des différents périodiques pour lesquels il rédige et qui sont accablés d´amendes, Fazy quitte Paris et gagne définitivement Genève en 1833.
Pendant treize ans, il rédige des centaines d´articles dans trois journaux d´opposition qu´il fonde lui-même et se lance dans une lutte acharnée contre les conservateurs. Il devient progressivement le leader de l´aile gauche du libéralisme, tendance qui réclame des réformes et transformations plus radicales et qui donne naissance au radicalisme.
Afin de lutter contre le nouveau gouvernement, Fazy fonde un nouvel organe de presse, la «Revue de Genève» qui paraîtra de façon régulière durant vingt ans. Des événements extérieurs vont toutefois porter les radicaux au pouvoir et précipiter la chute du Conseil d´Etat et du Grand Conseil conservateurs. La députation genevoise qui se rend à la Diète fédérale le 3 octobre 1846 refuse, au nom de la souveraineté cantonale, de voter la dissolution du Sonderbund, ligue séparée qui regroupe sept cantons catholiques conservateurs. Les radicaux genevois, emmenés par James Fazy, sauront parfaitement exploiter cette décision politique. Le 5 octobre 1846, le quartier populaire de Saint-Gervais se soulève et repousse victorieusement les troupes gouvernementales le 7. Le Conseil d´Etat est contraint à la démission. Le soulèvement populaire porte Fazy et les radicaux au pouvoir.
La nouvelle Constitution genevoise de 1847 garantit les droits individuels, consolide les acquis du suffrage universel et modifie les attributs de pouvoir législatif et exécutif. Le nouveau régime radical décrète aussi la démolition des fortifications, la création d´un réseau ferroviaire autour de Genève et la fondation de l´Hôpital cantonal et de l´Asile des vieillards. Pour favoriser la relance économique, le gouvernement Fazy s´engage dans un programme de grands travaux, couvert par l´emprunt. La démolition des fortifications permit de doubler la superficie de la ville.
En 1861, James Fazy essuie une importante défaite électorale, il doit quitter le pouvoir. A la fin de sa vie, le Conseil d´Etat charge James Fazy de l´enseignement de cours de législation et d´histoire constitutionnelles à la Faculté de Lettres. Il décède le 6 novembre 1878 à l´âge de 84 ans.
James Fazy reste dans l´histoire comme le père de la Genève moderne et démocratique.