Photos et cartes postales

Les Bains de la Caille

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Éditeur : GH, AnnecyN° de carte : 9627
Commune : Allonzier-la-Caille (74)Lieu-dit : Ponts de la Caille

Les milliers d’automobilistes qui franchissent chaque jour le pont de la Caille ne le savent sans doute pas, mais jusqu’en 1937, des centaines de curistes ont fréquenté le très chic établissement thermal situé tout au fond du ravin, au bord de la rivière Les Usses. Les Bains de la Caille, du nom d’une très ancienne auberge du secteur dont l’enseigne représentait une caille, comprenaient quatre bâtiments modernes (128 lits), plusieurs piscines et même un superbe casino dans le plus pur style « art déco ». A l’origine de ces bains, deux sources d’eau chaude (25 °C) riches en acide sulfhydrique, mais aussi en sélénite, en sel, en carbonate de chaux et en fer ! Cette source, appelée la fontaine de Cherpié, était connue des habitants de la région qui venaient y soigner nombre d’affections telles que les arthrites, les rhumatismes, les maladies de peau ou les bronchites. En 1449, un pâtissier de Genève, Jean Brulequin, construit à proximité de la source un hôtel avec écurie et jardin. L’homme a des relations, car il bénéficie de la protection du duc de Savoie et peut à ce titre orner ses bâtiments des armoiries ducales, moyennant une redevance annuelle d’une livre de cire !

Mais cette belle aventure tourne court lorsqu’un énorme rocher a la mauvaise idée de se détacher de la falaise surplombant la source. L’hôtel est gravement endommagé et le sieur Brulequin décide de regagner Genève. Abandonnée pendant trois siècles, la fontaine bienfaisante est redécouverte en 1791. A cette époque, plusieurs savants, membres de la société des Arts et Sciences de Genève, viennent sur place étudier la source et confirment son intérêt médical. Mais son accès difficile – un sentier de chèvres bordé de précipices – limite grandement les possibilités de fréquentation du site par les malades. En 1825, un citoyen de Copponex, Michel Baussand, s’associe avec un prêtre d’Annecy-le-Vieux, Paul-Bernard Crozet-Mouchet, pour exploiter la source. Ils font construire une maison de deux étages avec douze cabinets de bain et huit chambres qu’ils baptisent, en toute modestie, « le Château » ! Les années suivantes, ils font bâtir un restaurant et deux autres maisons. Le chanoine Crozet-Mouchet fait aussi ouvrir à grands frais une route carrossable qui, remontant par de nombreux lacets les bois de la rive gauche, reliait l’établissement des Bains de la Caille au pont Charles Albert, jeté douze ans auparavant sur le ravin des Usses pour faire passer la route entre Genève et Annecy.

L’inauguration de cette route, le 23 mai 1852, lança le succès des Bains de la Caille qui allait dès lors connaître pendant des décennies une importante fréquentation de curistes. De nouvelles piscines, une maison de cure construite à cheval sur les Usses – et qui sera emportée par une crue en 1888 – et même un superbe casino renforceront encore le succès de cette étonnante station thermale.

Mais la première guerre mondiale et le développement des transports individuels sonnent le glas de l’établissement qui, dès lors, périclite jusqu’à cesser toute activité en 1937.

Aujourd’hui, 80 ans plus tard, il est assez émouvant d’emprunter la vieille route du chanoine Crozet, qui devient petit à petit impraticable, pour visiter les vestiges de ce passé prestigieux et pour sentir l’odeur d’œuf pourri qui se dégage toujours des eaux bienfaitrices de la source de Cherpié.

Collection et légende D. Ernst.



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