Café-restaurant des Trois Communes
Éditeur | : J. Gras, Collonges-sous-Salève | N° de carte | : - |
---|---|---|---|
Commune | : Archamps (74) | Lieu-dit | : La Croisette |
Vue du centre de La Croisette, entre le Grand Salève et le Salève des Pitons. Situé à 1175 m d'altitude, le hameau est réparti sur trois communes : Archamps, Collonges et La Muraz. Quatre routes y convergent, la D 41 traverse la petite agglomération alors que les D 45 et D 48 s'y rejoignent. A droite de la photo, une chaudière servant à faire cuire les pommes de terre pour les cochons, mais aussi à faire cuire le boudin lorsque l’on tuait le cochon ; au centre, l’âne et son ânier, bien habillé, prêt à transporter les touristes ; devant l’âne, une seille en bois et deux poules.
L'homme à gauche est un "scieur de long", il tient de la main gauche sa scie "passe-partout" caractéristique ; sur le sol un plateau issu du sciage d’un tronc légèrement courbé ; le second scieur n'est pas présent sur la photo.
Le "café-restaurant des Trois Communes, situé sur la commune d'Archamps, était tenu par Mme Céline Brand (1870-1945). Alexandra David-Néel (1868-1969) en séjour pour quelques semaines à l'hôtel Bellevue, le plus bel hôtel du Salève, mentionne ce célèbre café dans une lettre à son mari écrite le jeudi 19 septembre 1907 : "Hôtel de Bellevue, Monetier-Mornex (Salève) Haute-Savoie, [...] Avant hier le brouillard ayant cessé, je suis allée à la Croisette. J'ai vu l'auberge et Mme Brandt. Le hameau m'a paru un assez vilain petit trou et l'auberge d'une rusticité peut-être excessive, même en été. Enfin, en été, pour des excursionnistes toujours dehors, avec de la jeunesse et une robuste santé... Dans tous les cas, c'était actuellement impraticable, la patronne, une bien aimable femme, me l'a dit tout de suite [...]" (l'orthographe des noms propres a été respectée). Alexandra David-Néel fut tour à tour, cantatrice, journaliste, orientaliste, écrivain, philosophe et surtout exploratrice. En 1911, Alexandra qui souffrait de problèmes de santé et qui était dépressive, part en voyage en Inde ; au lieu d'un an comme prévu, elle sera absente pendant quatorze années ! Elle fut la première femme européenne à pénétrer à Lhassa, en 1924, et à y séjourner. Alexandra poursuivit ses études et ses rêves à travers l'Inde, le Népal, le Tibet et la Chine. Elle bénéficiait du soutien financier et de la bénédiction de son mari Philippe Néel, fixé à Tunis où l'attachaient ses fonctions d’ingénieur en chef du chemin de fer de Bône-Guelma. Cette française fut une des rares femmes du siècle dernier à s'être fait connaître et surtout reconnaître dans le monde très viril de l'aventure et de l'exploration. Elle mourut à près de 101 ans à Digne-les-Bains le 8 septembre 1969 et ses cendres furent immergées dans le Gange. La ville de Digne hérita de sa résidence Samten Dzong, qui abrite actuellement le Centre culturel Alexandra David-Néel.
Pour en savoir plus sur le séjour d'Alexandra au Salève, lire l'article "Alexandra David-Néel et Lénine évoquent le chemin de fer et l'hôtellerie de Monnetier-Mornex" paru dans Salèves n° 52 (bulletin municipal de Monnetier-Mornex).
Collection G. Lepère.