Famille Cochard (31-08-1947)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Étrembières (74) | Lieu-dit | : Le Pas de l’Échelle |
Sur la terrasse de la maison Dijoud-Cochard, au Pas-de-l’Échelle, la seule photo connue de Marie Picot-Cochard (1885-1963) souriante à côté de son mari Bertrand Cochard (1884-1949) et leur fille Marguerite (1922-2008).
Noter l'effet du vent sur les cheveux et la jupe.
Bertrand Cochard naît le 8 février 1884 à Cugand en Vendée ; fils de cordonnier et orphelin de mère dès 9 mois, il fait des études de mécanicien qu'il complétera toute sa vie ; il accomplit son service militaire dans la Marine ce qui lui permit de voyager jusqu'en Indochine ; une importante correspondance sera échangée avec sa future femme Marie Picot (1885-1963), originaire de La Bernardière, village voisin du sien en Vendée. Ce courrier permet de suivre Bertrand Cochard à travers le monde : Toulon, puis Alexandrie en août 1905, ensuite « Ouvrier mécanicien à bord du Styx » à Saïgon en Cochinchine (de 1905 à 1907), « quartier maître. mécanicien 1re flottille océan » à La Pallice, et même à Versailles en juillet 1907.
Le Styx était une canonnière cuirassée, sortie de l’arsenal de Cherbourg, en service de 1892 à 1919, de 1 800 t, 1 700 cv, longue de 55 m, coque en acier, 4 chaudières de locomotive, machine à vapeur Claparède, 2 hélices, 11,6 nœuds. Ce bâtiment conçu pour la défense des ports et la lutte contre les torpilleurs, est affecté à la Division de Cochinchine, il réalise de 1912 à 1913 des travaux d’hydrographie sur le Mékong ; le 19 décembre 1919 il est vendu 27 500 piastres pour la démolition.
Ensuite il devient sous-marinier « Monsieur Bertrand Cochard, mécanicien aux sous-marins quartier-maîtres – La Pallice » jusqu’en 1909.
Un certificat de travail signé par la capitaine (L. Moyon ?) et le chef mécanicien (A. Jeiger ?) nous apprend que le « sieur Cochard Bertrand » a « embarqué en qualité de 2e mécanicien » sur le vapeur « Ville de Bayonne » de La Rochelle entre le 14 février et le 13 mai 1910. Le vapeur « Ville de Bayonne » sera coulé par un sous-marin le 16 février 1917.
Les fiancés se marient le 23 mai 1910 à La Bernardière ; ils auront deux enfants : André (1911-1955), ajusteur-outilleur à Paris et Marguerite (1922-2008) qui aura trois enfants avec R. Lepère, Chantal en 1950, Gérard en 1951 et Denise en 1953.
Revenons à Bertrand Cochard qui parcourt la France comme ouvrier mécanicien : il travaille à Saint-Rogatien près de La Rochelle, puis à la distillerie Brumault des Iloubières à Chambon (Charente Inférieure) en avril 1914, est mobilisé en août 1914, devient maréchal des Logis, « 86e d’artillerie lourde, 5e groupe, section des munitions, secteur 150 » et termine la Grande Guerre du 25 février au 25 novembre 1918 toujours mobilisé et en qualité de « vérificateur » aux Ateliers de Construction d'Aéroplanes de Henri et Maurice Farman au 167-169 rue de Silly à Boulogne-Billancourt. On le trouve ensuite en 1922 à Fumay (Ardennes), Le Pouzin (Ardèche) et Le Rouget (Cantal), Saint-Fons et Vénissieux (près de Lyon) à la Société Française de Tubise (1930). C’est de la région lyonnaise qu'il part pour Le-Pas-de-l'Échelle en 1931 car le climat de Lyon ne convenait pas à sa fille Marguerite. Là, il devient contremaître, puis directeur de la nouvelle usine de la Société Routière COLAS au Pas-de-l'Échelle. Avec sa famille il loge chemin de la Balme face au Salève et à la voie ferrée du P.L.M., au second étage d'une maison avec une grande terrasse.
Comme tous les hommes de cette époque, il fréquente avec ses amis les nombreux bistrots du Pas-de-l'Échelle : « il allait boire l'apéro avec son ami Corajod » (Jules-Ferdinand Corajod, chef de la gare de Veyrier-Salève), « il formait un quatuor avec Aristide Fornara, Favraz et Sorlut ». [Aristide Fornara (1905-1945), boulanger au Pas-de-l'Échelle, et Oscar Sorlut (1892-1956), boucher, également au Pas-de-l'Échelle qui « travailla à la COLAS pendant la guerre quand il n'y avait plus de viande à vendre »].
Bertrand Cochard, « le chef du goudron », « chef du COLAS », fit travailler plusieurs anciens employés du chemin de fer du Salève qui venait de faire faillite quand l'usine démarra vers 1937, par exemple Edouard Trottet, ancien chef de gare à Veyrier. L'usine de la COLAS, située entre les carrières et la voie ferrée du P.L.M. était desservie par un embranchement particulier de la ligne Bellegarde-Evian.
Bertrand Cochard, comme hélas ! beaucoup d'ouvriers de cette usine de produits chimiques, mourut d'un cancer de la gorge en 1949. Il est enterré au petit cimetière d'Étrembières à l’ombre de la chapelle du XVe siècle, seul et loin de sa Vendée natale.
Pour la petite histoire de la famille Cochard-Lepère, suivez la chronologie avec la photo suivante.
Collection G. Lepère.