Grotte des Noctambules ou grotte de Balme
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Collonges-sous-Salève (74) | Lieu-dit | : Les rochers du Salève |
La grotte des Noctambules est une des rares cavités du Salève à possèder deux entrées, ici séparées d’une cinquantaire de mètres à vol d’oiseau. Cette caverne en galerie assez étroite, munie de plusieurs embranchements, est creusée dans le calcaire kiméridgien, au sol recouvert d’argile ou de cailloux. Entre l’entrée principale et le premier embranchement, le visiteur peut choisir entre deux couloirs parallèles, l’un bas dans lequel coule un filet d’eau, et l’autre plus étroit, mais sec. Ensuite pour faire la traversée par le laminoir, puis sortir par la chatière qui donne sur le vide, il est nécessaire de passer (en rampant) un petit siphon plus ou moins rempli d’eau selon les saisons.
La cavité totalise 133 m de développement.
Horace-Bénédict de Saussure mentionne la grotte de Balme en 1779 :
« Je visitai en descendant [de la Croisette] une autre grotte, connue depuis longtemps sous le nom de grotte de Balme, du village du Coin, à la hauteur d'environ 200 toises au-dessus du lac. Elle pénètre dans l'intérieur de la montagne, a une plus grande profondeur que celle d'Orjobet ; mais c'est un canal si tortueux et si étroit, qu'il faut une résolution bien déterminée pour s'y engager. Si je n'avais pas été excité par le désir de faire une épreuve sur la chaleur de l'intérieur de la montagne, je n'aurais pas été entrepris d'y entrer ; mais l'étroitesse même de ce canal rendait l'épreuve plus intéressante, parce qu'elle donnait lieu de croire que l'air extérieur n'aurait que peu ou point affecté la température du fond de la caverne. Je me traînai donc, mais avec une fatigue incroyable, jusque à une profondeur que j'estimai d'environ 160 pieds.
Là, j’enfonçais mon thermomètre dans de la terre glaise, qui était disposée par lits, sur les côtés de la grotte. Il n'aurait rien signifié d'éprouver la chaleur de l'air, car dans un espace si étroit, le flambeau que je portais altérait bien promptement sa température. Le thermomètre, plongé à différentes reprises et en différentes places dans Elle est située à un petit quart de lieu au-dessus cette argile, donna constamment sept degrés et demi. J'eus encore plus de peine à ressortir, que je n'en avais eu à entrer, parce que le canal va en descendant du dedans au dehors, et quoiqu'il semble que le poids du corps doit aider à forcer son passage dans les parties les plus étroites du canal, cette situation d'avoir la tête plus basse que les pieds augmente considérablement la fatigue. On n'a pas la ressource de descendre à reculons, parce que ce couloir se subdivise en plusieurs endroits, et qu'il faut avoir la tête en avant pour voir où l'on s'enfile.
En ressortant je trouvai le thermomètre exposé au soleil à l'entrée de la grotte, à 10 degrés ; mais cette chaleur était due en grande partie à la réverbération des rochers nus et perpendiculaires qui dominent cette place, et qui la tenaient à l'abri d'un violent vent du Nord, qui régnait ce jour-là ; car en rase campagne, le thermomètre, même au soleil, ne montait qu'à 4 degrés.
Il serait curieux d'éprouver en été la chaleur du fond de cette grotte ; mais j'avoue que je ne pense pas à m'y enfoncer de nouveau. Je dirai pour l'instruction de ceux qui, avec un corps plus mince et plus souple, seraient curieux de répéter cette épreuve… ».
Extrait de « Voyages dans les Alpes, tome 1 », par Horace-Bénédict de Saussure, 1779.
A ce jour nous connaissons plus de 3800 cartes postales du Salève, mais curieusement aucune de cette cavité pourtant bien connue.
Photo G. Lepère, 1er novembre 2011.