Photos et cartes postales

Le bouquet final à Montfort (1936)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : Archamps (74) Lieu-dit : Campagne

La pose des nouvelles tuiles se termine sur le toit de la maison de Montfort qui après transformation aura plus l’apparence d’une villa que d’une ferme. Conformément à la tradition encore en vigueur à l’époque, la fin des travaux de charpente a été marquée par la pose du rituel bouquet final constitué d’un jeune sapin.

Le bouquet final ou bouquet de chantier est une longue tradition des corporations du bâtiment, qui remonterait au Moyen Âge avec une cérémonie qui aurait son origine dans les anciens cultes de l’arbre en Europe du Nord. On conservait les branchages des troncs utilisés dans la construction des charpentes pour orner la bâtisse en respect pour l’arbre sacrifié. Par sa présence sur le faîte du toit, le charpentier jouait donc un rôle important dans ces actes à caractère symbolique et social. Comme l’écrit le philosophe et historien des religions roumain Mircea Eliade « Chaque maison que l'on bâtit, c'est imiter une nouvelle fois, et en un certain sens, répéter la création du monde ». Le bouquet, organisé par le maître d'ouvrage pour remercier les ouvriers du chantier et rendre hommage à leur travail, consiste à marquer l'achèvement du gros œuvre d'une construction par la pose d'un branchage, ou d'un arbre décoré de fleurs et de rubans, au sommet de la charpente. Ce geste symbolise l'honneur d'avoir bien travaillé. Le patron de la maison paye un coup à boire aux travailleurs.

Comment se déroulait cette coutume corporatiste au milieu du XIXe siècle ? Un chroniqueur la décrivait en ces termes : « Quand les ouvriers ont terminé un bâtiment, lorsque le dernier coup de ciseau est donné, que la dernière pièce de charpente est posée au faîte de l’édifice, ils se cotisent, achètent un énorme branchage encore couvert de sa verdure, qu’il ornent de fleurs et de rubans ; puis l’un d’eux, choisi au hasard, va attacher au haut de la maison qu’on vient d’élever le bouquet resplendissant des Maçons, et quand tout l’atelier voit se balancer fièrement dans les airs le joyeux signe, quand il voit les faveurs voltiger à chaque brise, le feuillage onduler doucement au souffle du vent au sommet de cette maison dont on creusait les fondations il y a quelques mois, il applaudit et lance un bruyant vivat. Cette cérémonie accomplie, on prend deux autres bouquets dont les dimensions font la beauté plutôt que le choix des fleurs, et on se rend chez le propriétaire, le bourgeois, puis chez l’entrepreneur. Tous deux, en échange de l’offrande fleurie et parfumée des ouvriers, lâchent quelques pièces de cinq francs avec [lesquelles] on termine gaiement la journée, sans trop se rappeler les fatigues de la veille, sans s’inquiéter non plus des soucis du lendemain. La Pose du Bouquet, modeste solennité charmante des fleurs qui font la parure de ce jour, est une de ces heureuses traditions qu’on retrouve encore, mais trop rarement, dans les différents corps de métiers. » (Les Industriels, Métiers et professions de France – Le Maçon, par Émile de La Bédollière, Paris, 1842). Il semblerait que, sauf à de rares exceptions près, la tradition du bouquet fièrement posé au sommet d’une charpente une fois achevé le gros œuvre d’une construction soit bel et bien révolue.

Cliché de Roger Hauert - Collection Bernard Hauert.



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