Photos et cartes postales

Fête à Cruseilles en 1932 (5/5)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : Cruseilles (74)Lieu-dit : Grand Rue

Un hallebardier tenant droite son arme avec la main, le pied gauche en avant. Il est coiffé d’une toque et vêtu d’un gilet à col tailleur fermé par de petits boutons, d’une culotte courte agrémentée de rubans au niveau des genoux et porte des chaussures fines.

On reconnait derrière lui, le restaurant actuel « L’Abero » et anciennement hôtel-restaurant « Chez Guiguet » avec son imposante véranda occupant le trottoir, véranda très en vogue dans les années 1900. Les tenanciers étaient Clémence Guiguet (1871-1948), Franceline Guiguet (1872-1946), Louis Guiguet (1883-1950).

Ce cliché est la cinquième et dernière du cortège du Temps jadis, la première photo étant la photo.

Pour en savoir plus, lire l’étude de Jo Verney publiée dans les Échos saléviens n° 2 en 1991 « Anciennes traditions et coutumes à Cruseilles ».

« Je me rappelle du Suisse qui faisait la ‘police’ (pas trop sévère) dans l’église de Cruseilles. On le surnommait le fils du ‘tamborni’. Autrefois les maires ne faisaient pas afficher dans les hameaux les délibérations du conseil municipal, car il y avait beaucoup d’illettrés dans les campagnes. Les informations étaient transmises par le crieur public qui était aussi garde-champêtre et qui, chaque dimanche matin, venait sur la place publique avec son tambour. Les coups de baguettes rassemblaient la population et il lisait les informations à haute voix en criant ‘Avis à la population’.

Le Suisse de Cruseilles était le fils d’un crieur public d’où son surnom ‘Le Tamborni’. C’était un bel homme qui arborait une superbe moustache blonde. Il portait un bel uniforme tout rouge, une veste à brandebourgs se terminant par une vaste queue de pie et avec de superbes boutons dorés ; le pantalon avait un liseré doré de trois à quatre centimètres. Il était coiffé d’un bicorne rouge panaché de blanc qui lui donnait, malgré sa bonhomie, une imposante autorité. Il était armé d’une grande hallebarde dont il frappait le sol avec le manche, en circulant dans l’allée du fond au sommet de l’église et inversement ; il donnait le plus souvent quelques coups de plus vers le chœur de l’église où tous les enfants étaient groupés et où il se commettait quelques petites espiègleries qui perturbaient l’office. Les enfants ne craignaient pas vraiment le Suisse et, dès qu’il avait le dos tourné, les murmures reprenaient. L’office terminé, le bon Suisse se retirait dans la sacristie où il repliait son uniforme avec grand soin en remettant en place les plis de son pantalon et rangeait le tout dans son armoire à la sacristie. Arrivé sur la place, il n’avait plus aucune autorité et il allait boire un canon avec ses amis. Cette figure de Cruseilles a disparu vers 1945-1950.

On peut se demander pourquoi un Suisse à Cruseilles ? Autrefois les protestants attaquaient les catholiques. La coutume est restée dans les grandes paroisses (un peu comme une parade et cela donnait un air solennel aux offices). De cette même origine, il reste encore aujourd’hui les Suisses du Vatican. »

Le texte ci-dessus est extrait du livre d’Honoré Philippe (1902-1995) publié par La Salévienne en 1992 Souvenirs d’un ancien de Cernex édité par La Salévienne en 1992.

Photo de la collection de Pierre Bouchet.

Merci à Marie-Françoise Locatelli.



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