Photos et cartes postales

Partie de boules sur la plaine de Plainpalais (1938)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : GenèveLieu-dit : Plainpalais

C’est certainement un dimanche matin, seul jour de congé à l’époque, que de nombreux spectateurs se sont regroupés sur la plaine de Plainpalais pour observer et aussi commenter une des fréquentes parties de boules qui s’y déroule.

Plainpalais avec sa plaine située en son centre compte beaucoup dans l’organisation sociale de la ville. La Plaine est un losange de 640 m de long sur 200 m de large, soit un espace de près de 80 000 m2 situé en pleine ville.

Longtemps, ces terres entre le Rhône et l’Arve ne sont qu’un delta boueux et seuls les orpailleurs s’y rendent pour chercher de l’or dans l’Arve. L’histoire du quartier de Plainpalais est d’abord celle d’une conquête sur ce fleuve, qui déborde souvent. Dès le XIIIe siècle, on cherche à contenir l’Arve pour utiliser la plaine et ses terres. Le nom de Plainpalais vient probablement de l’expression latine « plana palus », qui signifie « plaine marécageuse ».

Au milieu du XVIe siècle, face à la menace savoyarde, le peuple de Genève décide de raser tous ses faubourgs qui nuisent à la sécurité de la Cité et le Conseil genevois ordonne de dégager tout ce qui pourrait obstruer la vue pour empêcher l’ennemi d’avancer à couvert et Plainpalais devient un terrain vague. Sa renaissance est due au duc de Rohan, qui lors d’un séjour à Genève en 1637, propose de faire de la Plaine une promenade et d’aménager des terrains pour le jeu du « mail », sorte d’ancêtre du croquet, alors très à la mode. Celui-ci implique la création d’une allée continue d’arbres. L'aménagement de cette allée plantée de marronniers d’Inde, très en vogue à cette époque, le long de l’actuelle avenue du Mail constitue un jalon important dans l'histoire de la Plaine.

Suite à la maîtrise des eaux de l’Arve, le territoire de Plainpalais devient propice à l’agriculture, car l’Arve proche en irrigue le sous-sol et après l’asséchement des marais de nombreux cultivateurs font pousser d’abondants légumes. Au XVIIe siècle, ce sont surtout des réfugiés français qui cultivent ces jardins et font découvrir aux Genevois des légumes alors inconnus, comme les artichauts violets ou le cardon importé de Lyon, qui devient une spécialité genevoise labellisée. Au cours des siècles, la plaine de Plainpalais devient un lieu central pour les réjouissances populaires. Elle accueille plusieurs fêtes fédérales de gymnastiques successives, le tir fédéral et l’exposition nationale de 1896 qui constitue la manifestation patriotique et économique la plus importante de son histoire. Cette première exposition d’aussi grande envergure en Suisse rencontre un succès considérable car elle voit défiler presque autant de visiteurs que la population helvétique. Depuis 1896, la Plaine abrite occasionnellement et exceptionnellement des aéronefs et participe curieusement à l’histoire aéronautique genevoise en étant le point de départ de l’ascension de divers ballons à gaz et montgolfières. Elle est certainement le lieu des premiers baptêmes de l’air de près de 30 000 genevois et autres car dans les années 1950-60, lors du Salon de l’automobile, des hélicoptères s’envolent de la Plaine en rondes continues.

Depuis la fin du XIXe siècle, les cultures ont été repoussées à la périphérie de la ville, mais les cultivateurs sont toujours sur la Plaine en vendant leur production au marché. La Plaine est à eux, comme elle est aux forains, aux cirques, aux grands rassemblements populaires et aux badauds, car elle accueille également le célèbre marché aux puces depuis 1970, le plus grand Suisse. Elle offre toujours un emplacement réservé au jeu de pétanque et plus récemment une rampe pour patins à roulette et skate-board ainsi qu'un grand espace avec des jeux pour enfants et deux buvettes urbaines avec une grande terrasse.

Le jeu de boules a toujours été un jeu populaire par excellence dans différentes régions du monde et ses origines remonteraient à la nuit des temps avec une histoire faite de grands exploits et de petites joies, créées par quelques champions mais surtout par une foule d’anonymes. Elle fait partie du patrimoine culturel immatériel et souvent les spectateurs qui participent oralement à la partie sont aussi, sinon plus importants que les joueurs.

Les plus anciennes preuves de l'existence de jeux de boules ou de ballons se trouvent en Egypte et les grecs anciens et les romains jouaient déjà à un jeu proche de la pétanque, avec des pierres rondes pour les premiers ou des boules en bois cerclées de fer pour les seconds. Les grecs privilégiaient la force en envoyant leurs boules le plus loin possible. Les romains, eux, préféraient l'adresse. Ils sont, en quelque sorte, les inventeurs du " cochonnet ".

Les différents objets ou outils utilisés ont fait que les jeux se sont développés dans des directions distinctes et les différents jeux de boules commencent à cultiver leurs particularités nationales. Ainsi, en France et en Italie on joue sur la terre battue, en Angleterre sur l'herbe. Rien qu’en France de nombreuses variantes se sont développées au XIXe siècle où chaque région introduit une variante d'usage qui se différentie par la grosseur et le poids des boules, les dimensions du terrain ou encore dans la manière de jeter les boules. Parmi les plus célèbres on rencontre la « Boule bretonne », la « Boule des Flandres », la « Boule des Berges » aussi appelée « Boule parisienne », la « Boule lyonnaise » ou le « Jeu provençal ». C’est cette dernière qui a donné naissance en 1907 à la célèbre « Pétanque ». L’Histoire retient qu’à La Ciotat, un champion de jeu provençal, Jules Hugues dit « Lenoir », ne pouvant plus jouer à son jeu préféré à cause de ses rhumatismes, s’est mis un jour, à tracer un rond, envoyer le cochonnet à 5-6 m, et, les « pieds tanqués », à jouer ses boules pour s’en rapprocher. Il faudra néanmoins attendre le premier concours officiel à La Ciotat en 1910 pour que le mot soit officialisé. Le terme vient des mots de l’occitan provençal « pè »-pied et « tanca »-pieu ou encore « pés tanqués », c’est-à-dire avec les pieds ancrés sur le sol, par opposition au Jeu provençal où le joueur peut prendre de l'élan.

Cliché de Roger Hauert - Collection Bernard Hauert.



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