Grotte d´Orjobet (2/5)
Éditeur | : B&F, Berne | N° de carte | : 1288 |
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Commune | : Collonges-sous-Salève (74) | Lieu-dit | : Les rochers du Salève |
(Suite de la carte 5654) La grotte d'Orjobet est la seule cavité du Salève traversée de bas en haut par un sentier ; celui-ci fut aménagé en 1905 par le Club Alpin Suisse. L'itinéraire est facile et très fréquenté en toute saison, mais la grotte est souvent verglacée en hiver.
« On entre par la gauche qui est d'un accès plus facile. On se trouve alors dans une galerie, qui à son entrée est large d'environ 15 pieds sur 7 et 8 de hauteur ; mais en avançant elle s'élargit et s'exhausse à-peu-près du double. Sa direction est au nord. Le sol de cette galerie souterraine est incliné du côté de l'ouest ; et de ce même côté le rocher est rongé et s'abaisse en formant un angle aigu avec le sol. Outre cette inclinaison, ce même sol en a une autre, par laquelle il s'élève en s'avançant vers le fond. Environ à 70 pieds de l'entrée, la caverne se rétrécit considérablement, au point de se changer en un canal étroit et tortueux, dans lequel on ne pénètre qu'avec difficulté, et enfin à 10 ou 12 pieds plus loin, on ne peut plus y passer, quoiqu'il se prolonge encore plus avant. Les incrustations pierreuses qui se forment continuellement contre les parois de ce canal ont sans doute contribué à le rétrécir.
On trouve dans cette caverne des stalactites ; il y en a même d'assez grandes, mais elles sont peu nombreuses, et la plupart sont masquées par une espèce de farine calcaire ou de Lac lunae, dont elles sont recouvertes. Quelques-unes sont d'un spath calcaire rougeâtre, d'autres sur un fond blanc, ont des veines d'un beau noir.
Au fond du canal étroit, je trouvai de l'argile ; deux stalactites que je cassai pour les emporter, avaient même leurs bases remplies d'argile, comme celle d'Orselles en Franche-Comté.
Une autre de ces stalactites présentait une singularité remarquable ; c'étaient des fragments de bois réduits en charbon, et engagés dans la base. Ce charbon a-t-il été charrié là tout formé, par des eaux venant du dehors, ou est-ce une racine qui du haut de la montagne aurait pénétré dans quelque fente, et aurait ensuite subi cette métamorphose ?
J'appelai cette grotte la caverne d'Orjobet, du nom du paysan François ORJOBET à qui elle appartient, et qui me la fit connaître. Nous ressentîmes par l'ouverture qui éclaire l'entrée de la caverne, nous montâmes par dessus le banc de rocher dans lequel elle pénètre, et nous vînmes tomber dans le chemin de la Croisette, un peu au-dessous du village. Cette route n'est pas de beaucoup plus longue que celle que nous avions prise en montant, et n'est ni difficile ni pénible ».
Extrait de « Voyages dans les Alpes, tome 1 », par Horace-Bénédict de Saussure, 1779.
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Collection G. Lepère.