Photos et cartes postales

Visite du chantier de Verbois (juillet 1942)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : Russin (Suisse)Lieu-dit : Verbois

Quelques questions sont encore posées aux organisateurs porteurs de brassards qui ont prodigué des explications au public tout au long de la matinée. Mais l’attention de la majorité des gens a diminué pour se porter plus sur la collation et les rafraîchissements généreusement offerts par les Ateliers des Charmilles, organisateurs de la journée.

Ce n’est que quelque temps plus tard que le public repensera à toutes les explications reçues sur cette importante réalisation, dont l’ensemble des caractéristiques et résumé par monsieur Jean Pronier, ingénieur, directeur du Service de l'électricité de Genève, dans la revue « Habitation », publication trimestrielle de la « Section romande de l’Association Suisse pour l’Habitat », parue en 1942 :

« La concession de la chute disponible sur le Rhône entre l’Usine de Chèvres et la région de la Plaine-l’Allondon a été accordée le 9 octobre 1909 par le Grand Conseil.

Cette concession expire le 30 novembre 1981, soit à la même date que celle concernant l’Usine de Chèvres. Les Services Industriels possèdent ainsi le droit d’utilisation de toute la chute du Rhône entre la Jonction et l’Allondon.

Deux possibilités se présentaient pour tirer le meilleur parti des concessions : 1. Maintien de l’Usine de Chèvres et construction d’une nouvelle usine utilisant la chute de Chèvres-La Plaine; 2. Désaffection de l’Usine de Chèvres et construction d’une nouvelle usine en amont de la Plaine, utilisant en un seul palier toute la chute disponible entre la Jonction et l’Allondon. Les études ont suivi les progrès de la construction des machines en adoptant des unités toujours plus grandes et en plus petit nombre : en 1907, 12 groupes absorbant 300 m3/s en tout, usine qui ressemblait beaucoup à celle de Chèvres, en 1918, 7 groupes absorbant 400 m3/s, en 1923, 4 groupes absorbant 400 m3/s.

En 1934-1935 deux suggestions sont faites aux Services Industriels provenant l’une de M. l’ingénieur Jules Calame, l’autre de l’Entreprise Zschokke et prévoyant toutes deux, avec quelques variantes, l’implantation de l’usine plus en amont, dans la région de Verbois, où la vallée reste encore étroite et où le lac amont devient beaucoup moins étendu. Ces projets envisageaient une usine à 4 groupes 400 m3/sec en tout et une vaste correction du Rhône en aval de l'usine avec correction des méandres et approfondissement du lit afin de rattraper la chute subsistant entre l'usine et la limite de concession.

Des essais sur modèle réduit ont été exécutés aux laboratoires de l'Ecole Polytechnique à Zurich, dans le but d'étudier l'influence des chasses sur le bief aval de l'usine, d'étudier les phénomènes d'érosion en aval du barrage, enfin d'étudier la pente à donner au bief aval pour son raccordement au bief amont de l'Usine de Chancy-Pougny.

Les résultats de ces essais, interprétés sur la base de lois de similitude établies par des recherches scientifiques poussées, ont conduit à modifier quelque peu certaines caractéristiques du barrage et surtout la forme du radier inférieur ; ils ont conduit aussi à admettre une pente plus réduite du bief aval de l'usine sans grand risque d'ensablement, d'où est résulté un léger gain de chute; ils ont permis de se rendre compte que l'emplacement choisi pour l'usine sur la base des sondages et levés topographiques convenait également au point de vue de l’écoulement du fleuve en aval de l'usine. La chute totale obtenue est de 20,80 m à l'usine, chute réalisée par un rehaussement du niveau amont de 16,40 m et un abaissement du niveau aval de 4,40 m. Ce dernier abaissement est obtenu par un approfondissement du Rhône et par la coupure des presqu'îles de Russin et des Prés-de-Bonne, travaux qui nécessiteront l'extraction de 1 200 000 m3 de gravier, dont une partie est utilisée à la confection du béton et des digues de l'usine. Les ouvrages de retenue comportent une digue rive gauche, le barrage, l'usine et une digue rive droite, le tout arasé à la cote de 370,80 m, soit environ 1,65 m au-dessus de la cote maximum de l’eau fixée provisoirement à 369,15 m. L'ensemble barre la vallée à la façon d'un mur et sera surmonté d'une chaussée reliant les deux voies d’accès rive gauche et rive droite déjà créées en 1938 pour le service des chantiers.

Vers la rive droite le barrage est prolongé par l'usine proprement dite située moitié sur le fleuve actuel, moitié sur les terrains de la rive droite. Le bâtiment comporte la salle des machines, un hall de montage, des locaux de service, atelier, bureaux, salle de commande, et finalement un local servant au décuvage des grands transformateurs. Les bâches d’entrée des turbines ne sont pas munies de vannes ; elles peuvent être fermées au moyen de batardeaux métalliques mis en place à l'aide d'un portique.

La salle des machines contiendra les groupes hydro-électriques provisoirement au nombre de trois mais avec place réservée et chambres d’eau construites pour un quatrième. Chacun des groupes est constitué par une turbine Kaplan-Charmilles de 31 500 CV sous la chute de 20,80 m et un débit de 127,5 m3/sec à 136,4 tours par minute et par un alternateur Sécheron de 27 500 kVA, courant triphasé 50 périodes par sec. 18 000 volts. On peut se faire une idée des dimensions de ces machines si on sait que la turbine en ordre de marche pèse 400 tonnes dont la partie la plus lourde pour le montage pèse 110 tonnes. L'alternateur est d'un poids total moindre, environ 300 tonnes, mais sa partie la plus lourde pour le montage pèsera 145 tonnes. L'arbre d'un groupe aura 75 cm de diamètre. La pivoterie supportera le poids de la partie tournante du groupe plus la réaction hydraulique, soit une charge totale d'environ 550 tonnes. Le diamètre de la roue de la turbine sera de 5,50 m; celui du rotor de l'alternateur de 6 m. Le diamètre de l'alternateur atteindra 9 m à l'extérieur de la gaine de ventilation. La hauteur totale d'un groupe turbine alternateur atteint 18 m ».

Cliché de Roger Hauert. Collection Bernard Hauert.



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