Photos et cartes postales

Visite du chantier de Verbois (juillet 1942)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : Russin (Suisse)Lieu-dit : Verbois

La journée de visite du site en construction de l’usine hydro-électrique de Verbois, sur le Rhône dans le canton de Genève est sur le point de se terminer et une partie du public s’est déjà retiré. Ceux qui restent profitent de l’aubade donnée par la fanfare, tout en discutant et en trinquant. Certainement que l’ensemble des participants gardera longtemps le souvenir de cette belle journée à laquelle ils ont participés en grand nombre et avec beaucoup d’intérêt.

Les considérations générales et conclusions concernant l’usine de Verbois apparaissent dans l’article intitulé « L’usine hydroélectrique de Verbois, Genève », de R. Leroy, ingénieur principal au Service de l’Electricité des Services Industriels de Genève, paru en 1943 :

« La construction de l'usine de Verbois étant sur le point de s'achever et la marche à demi-chute assurée pendant les 2/3 d'une année ayant montré que les quantités d'énergie prévues peuvent être produites, il est intéressant d'examiner quelle sera l'influence de la mise en marche complète de cette usine sur l'ensemble de l'économie électrique suisse.

Comme nous l'avons montré au début de cet article, la décision de construire l'usine de Verbois a été précédée d'une ascension constante de l'emploi d'énergie électrique dans le canton de Genève. De 1910 à 1937 par exemple, elle a passé de 33 à 128 millions de kWh. La même progression figurée pour l'ensemble de la Suisse suit une courbe semblable, cependant plus inclinée par l'influence de la force motrice empruntée aux réseaux à caractère plus industriel que le réseau genevois. La consommation totale atteignait en Suisse, durant l'année hydrologique allant du 1er octobre 1936 au 30 septembre 1937, environ 5200 millions de kWh, soit à peu près 40 fois celle de notre canton. Pendant cette même période, les disponibilités des centrales électriques suisses ne suivaient pas une ligne parallèle à la demande d'énergie. L'accroissement des forces aménagées de 1927 à 1929 fut inférieur à celui de l'absorption. Il combla le retard dès 1930 pour dépasser la demande, mais subit un nouveau recul relatif à partir de 1937.

La période de 1937 à 1942 est très fortement touchée en ce qui concerne l'économie électrique suisse, par la situation européenne. Parmi les nombreux projets de construction d'usines, un seul est réalisé, celui de Verbois, décidé encore avant la guerre. Au début de 1938, Genève voit s'organiser le grand chantier sur le Rhône. Les années hydrologiques 1939/40 et 1940/41 furent particulièrement abondantes en précipitations, ce qui permit de prendre aux cours d'eau plus d'énergie que la moyenne statistique ne laissait espérer. En 1941/42, l'absence de sources nouvelles, la sécheresse exceptionnelle et la très forte intensification des divers emplois de l'énergie, ont provoqué les restrictions d'emploi d'énergie que la première et la troisième cause ont renouvelées en 1942/43.

Pendant la guerre, la décision fut prise d'équiper le second palier du Grimsel et de mettre les installations d'Innertkirchen le plus rapidement possible en service. Depuis le début de la guerre, deux seules grandes usines nouvelles participent donc dans une mesure non négligeable à la production d'énergie électrique. Examinons la part que prend Verbois à cette économie générale :

La production possible, avec les 3 groupes installés, atteint, par année moyenne, 400 millions de kWh, dont 176 pendant les six mois d'hiver et 224 en été. Pendant les années très riches en eau, la production ne peut que faiblement dépasser ces valeurs et encore à condition que les mois d'avril et d'octobre soient particulièrement humides. Pour les années sèches, les chiffres correspondants sont de 350 millions de kWh dont 126 en hiver et 224 en été. L'influence d'un hiver sec se remarque dans le changement notable du rapport entre les valeurs d'hiver et d'été. Les mêmes grandeurs établies pour l'ensemble de la Suisse, présentent en 1942 les valeurs indiquées ci-dessous en ne comptant que la production des usines affectées à la distribution générale et au pompage des installations de récupération d'eau d'été, mais en exceptant les générateurs des Chemins de fer fédéraux.

En débit moyen, le total annuel atteint 8300 millions de kWh, dont 3700 en hiver et 4600 en été. L'usine de Verbois accroîtra cette disponibilité de 4,8 %. En année sèche, 7050 millions de kWh peuvent être produits, dont 3150 en hiver et 3900 en été, auxquels Verbois ajoutera 4,95 %. Enfin, dans les années particulièrement avantageuses quant aux régimes des eaux, Verbois complétera de 4,35 % les disponibilités suisses, qui s'élèvent en 1942, sans Verbois, à 9200 millions de kWh.

Le canton de Genève ne dispose pas de haute chute d'eau. De ses deux seuls cours d'eau, le Rhône est aujourd'hui complètement aménagé, et l'Arve cède à quelques petites usines son débit d'été. L'étiage de l'Arve est en effet si minime que la faible chute qu'elle présente sur le territoire du canton ne peut pas être rationnellement équipée. Grâce à l'initiative prise par les Services industriels de Genève, à la suite des circonstances favorables qui se présentèrent en 1937, Genève, qui fut la première ville en Suisse à construire une puissante usine à basse chute, a précédé aussi la réalisation du programme général de construction d'usines hydro-électriques.

En apportant sur le marché du travail le capital investi dans la main d’œuvre et les fournitures si nombreuses et diverses d'un ouvrage de cette envergure, en augmentant notre richesse nationale par l'apport nouveau de quelques centaines de millions de kWh, Genève a accompli une œuvre dont l'intérêt économique dépasse le territoire cantonal ».

Photo prise depuis l’amont du chantier qui permet de distinguer le lit du fleuve dans lequel sont occupées les pelles mécaniques destinées à en modifier le tracé et à l’approfondir. En arrière-plan, le Jura.

Cliché de Roger Hauert. Collection Bernard Hauert.



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