Photos et cartes postales

Visite du chantier de Verbois (juillet 1942)

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : Russin (Suisse)Lieu-dit : Verbois

La fanfare vient de procéder aux derniers réglages de ses instruments et se met en place pour agrémenter la manifestation d’un peu de musique. Au vu de leurs costumes disparates, il s’agit certainement d’amateurs qui sont très heureux de faire profiter le public de leur passion.

Relativement peu de temps après cette journée de visite mémorable, c’est-à-dire dès la fin de 1942 on procéda à la mise service des premières installations, opérations décrites dans l’article intitulé « L’usine hydroélectrique de Verbois, Genève », de R. Leroy, ingénieur principal au Service de l’Electricité des Services Industriels de Genève, paru en 1943 :

« Dès achèvement de la mise au point des organes de la turbine et de l'alternateur et essais de fonctionnement sans eau des dispositifs de réglage, de protection, de commande et signalisation, on procéda le 26 décembre 1942 à la mise en eau de la retenue, par fermeture progressive des vannes-secteurs du barrage. Les débits du Rhône à ce moment de l'année étaient très faibles et l'on dut, pour ne pas diminuer trop fortement le débit restant dans le Rhône pour les usines d’aval, faire un emprunt de quelques heures au lac Léman.

Les batardeaux aval et amont de la turbine 1 avaient été préalablement enlevés, le distributeur et la roue Kaplan étant maintenus fermés pendant la montée du niveau amont.

Les murs-digues présentèrent en quelques points des inétanchéités du béton, constatables dans les galeries de visite. Des injections de ciment exécutées dans ces galeries arrêtèrent rapidement toutes venues d'eau. On put constater l'efficacité des injections, faites avant la mise en eau, sous les parafouilles amont, au moyen des tuyaux posés à cet effet au cours de la mise en place du béton des digues. Les drains ménagés à l'aval des parafouilles ne débitèrent que très peu d'eau. Quelques inétanchéités du béton constatées autour des parties scellées de la turbine furent également obturées sans difficulté.

En ce qui concerne les terrains de la retenue amont, au sujet desquels on avait émis des doutes quant à leur stabilité après montée des eaux, rien d'anormal ne s'est présenté à cette mise en eau à demi-retenue.

Il est intéressant de constater que la nappe souterraine de la rive gauche a subi, très peu de temps après, l'influence de l'augmentation du niveau amont, démontrant l'exactitude des déductions faites au cours des travaux de sondage, quant à la perméabilité des couches profondes des terrains de la rive gauche. Les puits d'observation aménagés autour de l'extrémité du mur de digue montrèrent également les fluctuations de niveau correspondantes ; mais les débits de contournement de ces ouvrages restèrent dans des limites très faibles, seuls quelques drains inférieurs du mur en aile aval de la rive gauche ayant accentué leur débit.

Comme il fallait s'y attendre sur la base des résultats des sondages préliminaires exécutés sur la rive droite (terrains beaucoup plus étanches que sur la rive gauche), aucune variation de niveau n'a été constatée dans les puits d'observation et drainages. Les niveaux atteints par le Rhône à l'aval de l'usine sont conformes à ceux donnés par les calculs de l'écoulement dans le fleuve corrigé à faible pente et conformes aux chiffres indiqués lors des essais sur modèle réduit.

Ces constatations faites et le groupe 1 étant prêt, on procéda à la mise en marche de la turbine, opération qui se fit sans aucune difficulté et ne nécessita que quelques retouches de détails. Etant donné que l'alternateur avait été monté en période très humide dans la salle des machines incomplètement fermée, on dut ensuite, pour sécher cette machine, faire tourner le groupe pendant une semaine en court-circuit.

Puis vint la mise sous tension et divers essais des dispositifs de sécurité, arrêt rapide, coupure brusque d'une charge réalisée sur résistance hydraulique et enfin la mise en parallèle sur le réseau, le dimanche 17 janvier 1943. Une petite cérémonie de mise en service officielle de ce premier groupe de Verbois eut lieu le 21 janvier 1943. Le second groupe, dont le montage s'était poursuivi entre-temps, fut à son tour mis en service le 25 mars 1943.

L'usine de Verbois assura immédiatement un service ininterrompu à demi-chute, de 20 000 à 25 000 kW et à fin août 1943 l'énergie livrée atteignait environ 80 000 000 kWh. La sécurité de marche des installations étant suffisamment démontrée, on procéda à l'arrêt de l'ancienne usine de Chèvres, le 10 mai 1943, et alors commença le démontage de l'équipement de cette première réalisation d'une usine au fil de l'eau que fut cette centrale.

A l'heure où parait cet article, cette désaffectation est chose faite et il est possible de procéder bientôt à la mise en eau à chute totale à Verbois. Cette usine pourra dès ce moment fournir 44 000 kW en attendant la fin du montage du troisième groupe, qui aura lieu vraisemblablement au début de décembre 1943 ».

Cliché de Roger Hauert. Collection Bernard Hauert.



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