Turbine Kaplan-Charmilles (1943)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Genève | Lieu-dit | : Les Charmilles |
Turbine Kapan, semblables aux quatre installées à l’usine hydro-électrique de Verbois, développée et fabriquée par les Ateliers Charmilles de Genève en 1943 et en cours de montage, avant son installation dans la centrale hydro-électrique de Rybourg, sur le Rhin. Au fond de l’image on distingue un ouvrier en combinaison de travail qui donne des explications sur cette gigantesque réalisation à laquelle il a certainement participé avec beaucoup de fierté.
A l’image de la SIP et de Sécheron, les Ateliers des Charmilles constituent une des entreprises « historiques » autour desquelles s’est développé le tissu industriel genevois. Son origine remonte à la société industrielle L.F. Staib & Cie, fondée en 1861 à Genève, devenue en 1896 les Ateliers Piccard-Pictet & Cie. Une gamme de produits innovateurs créés à partir de 1884 par Paul Piccard est à l’origine de son succès : les régulateurs automatiques. Ceux-ci permettent de régler la vitesse et le fonctionnement des turbines hydrauliques et ouvrent ainsi des perspectives nouvelles dans l’utilisation de l’eau comme force motrice. A la fin du XIXe siècle, la société Piccard-Pictet et Cie a pour spécialité la construction de turbines pour la production d’électricité. Elle conçoit, fabrique et installe des centrales hydro-électriques jusqu’en Amérique, puisqu’en 1891, elle décroche dans un concours le contrat d'équipement de la centrale hydraulique de Niagara Falls (New York), succès qui lui vaut des commandes dans le monde entier. Elle possède le meilleur savoir-faire et la maîtrise des technologies de pointe dans les domaines de la métallurgie, de la fonderie, des procédés de soudage et des usinages de précision. Un atout de l’entreprise réside dans l’acquisition rapide de la maîtrise du processus de fabrication des turbines, depuis la conception théorique jusqu’à l’installation, en passant par la réalisation.
Sollicitée par les pionniers de l’automobile dès la fin du XIXe siècle pour la fabrication de pièces spéciales de haute qualité la société Piccard-Pictet et Cie se lance dans la fabrication de qui deviendra les célèbres automobiles Pic-Pic. Ces automobiles sont rapidement réputées et à partir de 1910 elles se font également remarquer en course.
Bien que la Suisse soit neutre lors du premier conflit mondial, son industrie souffre de l'état de guerre, impliquant la raréfaction des grands chantiers d'installations hydrauliques. Cette baisse d'activité est en partie compensée par des commandes de fabrications mécaniques en provenance des Etats en guerre ainsi que par celles de l'Etat fédéral suisse portant sur des véhicules et des munitions. La firme Piccard-Pictet travaille donc pour tous les belligérants et fournit des automobiles à l'armée suisse, et des munitions pour les Alliés, ce qui va lui permettre de financer une ambitieuse politique d'acquisitions. Toutefois, après la guerre, la firme ne fait pas assez de profits. Il s'avère alors impossible de relancer la vente des automobiles Pic-Pic, trop coûteuses. La fin du conflit entraîne l'annulation de nombreuses commandes et la crise monétaire de 1919 mène au dépôt de bilan dès février 1920.
Les fondateurs créent alors en 1921 la société des Ateliers des Charmilles SA, pour la conception, la réalisation, la vente et l’installation de turbines hydrauliques de tous types. Elle va devenir pendant une cinquantaine d’année un des leaders mondiaux dans ce domaine avec une maîtrise unanimement reconnue. Ses réalisations sont présentes dans la quasi-totalité des ouvrages hydro-électriques de Suisse et dans un grand nombre de réalisations à l’étranger.
En 1952 un département de machines-outils à électroérosion est créé pour compenser la diminution des revenus du marché de l’hydraulique et se reconvertir. Ce département des machines-outils est repris par le groupe Georg Fischer de Schaffhouse, qui en fait Charmilles Technologies SA en 1983 et l'associe à la Société tessinoise Agie. Charmilles, qui employait 1255 personnes en 1994 et réalisait un chiffre d'affaires de près de 400 millions de francs, continue de développer la technique de l'électroérosion. En 2000, la société compte quatre usines (Suisse, Etats-Unis, Chine) et est présente dans plus de 60 pays ; elle fournit plus du quart du marché mondial des machines-outils à électroérosion.
Cliché de Roger Hauert. Collection B. Hauert.