Fête à Cruseilles en 1932 (1/5)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Cruseilles (74) | Lieu-dit | : Grand Rue |
Faire revivre l’esprit de la montagne, de ses coutumes, de ses habitants, c’était le but du syndicat d’initiative à Cruseilles. Créé en 1932, expression d’un désir réel d’ouverture du bourg aux visiteurs étrangers, le syndicat d’initiative proposait, d’année en année, une fête de la reconstitution du passé : les vieux métiers, les vieilles coutumes, les vieux habits, les chansons d’autrefois reprenaient vie l’espace d’une journée dans un grand « Cortège du Temps jadis » qui sillonnait le bourg. Le pittoresque de ce cortège vaut bien le détour d’une description sommaire.
Deux dragons à cheval ouvraient la marche, précédés du garde-champêtre et du facteur rural, personnalités essentielles de la vie campagnarde. Puis venaient tour à tour les « fantassins » : ramoneurs, faucheurs, avançant au pas de vieilles chansons comme « La Lison », moissonneurs faisant résonner leur chant « Mignonne quand le soir descendra sur la terre », tous derrière le vieux « Grand-Père Vélocipède » du temps passé. Venait ensuite un déferlement original d’« hippomobiles » : vingt-quatre chars tirés par des chevaux, représentant chacun un aspect de la vie d’autrefois, toutes classes y figurant, du « Séjour du Bonheur », humble chaumière habitée par une grand-mère et ses petites filles au char aristocratique dont les personnages semblaient sortir tout droit de la cour de Louis XIV…
Ce défilé mettait à contribution toute la population ouvrant pour la circonstance à la préparation des festivités : c’était le signe d’une société unie par un labeur commun. Dans une société encore essentiellement agricole, le syndicat d’Initiative organisait, parallèlement au défilé, des réceptions où les meilleurs paysans se voyaient remettre le diplôme de « chevalier du Mérite Agricole » : pour ce milieu agricole qui s’ouvrait alors aux visiteurs étrangers, aux influences extérieures, les fêtes du « temps jadis » étaient une valorisation des traditions paysannes de la région. Très tôt cependant, ces fêtes seront le symbole de la réconciliation entre cette revendication d’une identité paysanne et une ouverture à un « tourisme bien compris » utile à l’agriculture : sauvegarde de la tradition et hospitalité envers le futur se répandant en une manifestation commune.
Ce cliché nous montre le défilé passant dans la Grand’Rue, au niveau de la maison Campana (lieu de divertissement) aujourd’hui maison et garage Jean Fournier.
Cette photo est l’une des cinq du cortège du Temps jadis, cliquez ici pour voir la photo suivante.
Pour en savoir plus, lire l’étude de Jo Verney publiée dans les Échos saléviens n° 2 en 1991 « Anciennes traditions et coutumes à Cruseilles ».
Photo de la collection de Pierre Bouchet.
Merci à Marie-Françoise Locatelli.