Accident de train à Etrembières (1964)
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Commune | : Étrembières (74) | Lieu-dit | : Bourg |
Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1964, peu après minuit, un éboulement de rochers du Petit Salève fit dérailler le rapide Evian-Paris lors de son passage à Etrembières entraînant plusieurs victimes : André Cheneval, mécanicien de 35 ans, mort aux commandes de la locomotive à vapeur 141-R 744 et Gérard Grépillat, son chauffeur, âgé de 31 ans, très grièvement brûlé, ainsi que quelques blessés plus légers parmi les voyageurs de la voiture couchette de tête.
L'entrée du Trou du Diable, gouffre de 65 mètres situé sur la pente du Petit Salève, fut obstruée par cet éboulement. La dernière exploration spéléologique du Trou du Diable avait été réalisée le dimanche 27 avril 1952 par Jean L. Christinat et Marcel Haegi lorsqu’ils levèrent la topographie de la cavité ; une désobstruction de cette intéressante cavité reste à faire...
L'accident de 1964 n'était pas le premier à cet endroit particulièrement exposé ; le 31 décembre 1954, un "gros éboulis" cisailla les rails de la ligne Bellegarde-Evian mais ne fit aucune victime ; la purge des rochers instables fut effectuée en janvier 1955 par Gustave Pinchon (1911-1995), aidé de son beau-frère Gabriel Hennequin (1898-1981) et par Jean Fauraz, cafetier à Monnetier...
Les 141-R étaient de robustes locomotives construites aux USA et livrées à la SNCF après la guerre dans le cadre du plan Marshall.
Ci-dessous un extrait d’un article paru dans la revue La Vie du Rail n° 2025 datée du 2 janvier 1986 sous le titre « Portraits – A l’écoute de six anciens du rail : Le terrible souvenir de Gérard Grépillat » :
« C’est par Maurice Dufour, chef de gare d’Annemasse, enfant du pays, que j’ai connu Gérard Grépillat, un « roulant », lui-même natif de ce Nord haut-savoyard qui fait figure un peu de plaque tournante entre Genève et les massifs alpins voisins. Mon hôte m’accueille dans sa jolie maison de Ville-la-Grand, une commune de l’agglomération annemassienne.
Ce qui est arrivé en 1964 à Gérard Grépillat a bien failli lui coûter la vie. A la tête d’un train de voyageurs composé de sept voitures, train assurant la liaison Evian – Paris, Grépillat et André Cheneval, respectivement mécanicien et élève-mécanicien faisant office de chauffeur, acheminaient de nuit leur convoi vers Saint-Julien à bord d’une 141 R à mazout. Il était 0 h 10.
Des rochers étaient tombés du Salève, le mont qui domine ce coin de la région, haut-lieu du tourisme et, dans leur chute, ils avaient écartés les deux rails. Le train roulait à 90 km à l’heure. La locomotive a déraillé, une voiture s’est couchée sur la voie. Le chauffeur a été tué sur le coup. Quant à Grépillat, il a eu 70 % du corps brûlé, ayant été projeté contre le collecteur alimentant les canalisations de tous les organes de la machine ; canalisations qui ont éclaté.
Un an et demi après, notre ami reprenait du service ; un service « doux », dans les bureaux. Il habitait Chambéry lorsque l’accident a eu lieu. Il s’est ensuite installé à Annemasse, puis à Ambilly, dans les cités SNCF, pour se fixer définitivement, au terme de son parcours, à Ville-la-Grand, terminant sa carrière comme T5 (conducteur principal).
Une chose très importante dans la vie, me dit-il, c’est de redevenir ce qu’on était. Fier à juste titre des médailles qui lui ont été décernées, Gérard Grépillat anime depuis longtemps le club de football local, le F.C. Cornières-Ville-la-Grand. Occupée au jardin, sa femme fait remarquer malicieusement, à ce propos, qu’elle le voit maintenant moins souvent que lorsqu’il était en activité. »
Photo extraite du livre de Jean-Louis Vuille, "Passion vapeur, Images d’une époque révolue", 175 p., éditions du Cabri, Breil-sur-Roya, 2000.
Cette photo est à rapprocher de la carte d’indice 365.