Photos et cartes postales

Gosse et le mont Gosse

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Éditeur : B. B.N° de carte : 431
Commune : Monnetier-MornexLieu-dit : Mornex

Le mont Gosse, endroit plein de charme et peuplé de souvenirs, « c’est là que domine et s’élève, d’un philosophe de Genève, ami de la nature, l’ermitage. » ("Contes et légendes" de Jean-Jacques Kurz). Le mont Gosse porte le nom d’un célèbre genevois épris de sciences. A la cime trônait jadis un château heptagonal, possession en 1307 du comte Amédée II de Genève avant d’appartenir à Robert, pape en Avignon sous le nom de Clément VII. Passant à la maison de Savoie en 1401, se succèdent ensuite Amédée VIII, puis Jean de Compey. Il est longtemps résidence du duc Louis de Savoie, d’Anne de Lusignan sa belle épouse, la fille du roi de Chypre et de leurs 19 enfants. Il est brûlé par les huguenots Genevois en 1589. Ses ruines changeant souvent de mains sont données à l’évêché de Turin en 1792 qui le vend au docteur Corajod à qui Gosse (1753-1816) l’achète.

Disciple de Jean-Jacques Rousseau, comme lui attiré par la nature, Henri-Albert Gosse naît dans la maison de l’Escarcelle place Longemalle à Genève, à l’angle de la rue de la Croix d’Or, au 34. Avec ses parents, libraires originaires de Hollande, il accède à la Bourgeoisie genevoise en 1788 ce qui lui permet, après des études à Paris, d’ouvrir au rez-de-chaussée de sa maison une pharmacie. Il exploite l’officine avec son épouse Louise « malade du cœur et de l’âme ». Le grenier qui conserve les souvenirs de ses multiples activités, recèle des trésors insoupçonnables de ce scientifique, inlassable chercheur.

Cédant son fond de commerce, il se retire au Salève. On dit qu’il serait parvenu à acquérir les ruines du château de Mornex et la petite montagne en échange de la momie de saint Benoît. Dès 1813, il passe tous les jours d’été dans cette demeure en partie restaurée qu’il appelle « mon Bonheur ». Vêtu d’une houppelande d’ermite et coiffé d’un bonnet à poils, il arpente la campagne sur le dos de son âne Cousi. Accompagné du chien Castor et « quand elle est de bonne humeur » de la servante Esther. Il s’incline devant un oratoire, herborise, botanise, étudie, médite. « J’ai trouvé dans ma solitude un vrai trésor. C’est ma santé. J’en ai banni l’inquiétude, j’y ai admis la gaîté. » Les jours de pluie, dans son laboratoire, il invente. Il crée un astucieux hygromètre et recherche le mouvement perpétuel. Il formule une juste hypothèse sur le transport des blocs erratiques de son jardin.

Sa générosité lui fait ouvrir une école ménagère pour les enfants de Mornex. Il distribue diagnostics et médicaments tel le miraculeux « baume des bergers ». Un onguent, véritable panacée qui guérit dit-on tous les maux. Dans son ermitage des hôtes célèbres lui rendent visite, telle la reine Hortense, fille de Joséphine de Beauharnais, à la fois bru et belle-sœur de Napoléon le premier et mère du troisième.

On lui doit encore la fondation de la société de physique et d’histoire naturelle de Genève qui regroupe alors les plus grands noms de la science, d’illustres physiciens tels Volta, Rumford, Biot, Arago ou Ampère, des chimistes Berthollet et Davy, des naturalistes réputés Cuvier et von Buch. Il fonde au Salève, le 6 octobre 1815, sur le mont qui portera son nom, la société helvétique des sciences naturelles. Pourtant infatigable, quatre mois plus tard, Gosse rend son dernier soupir à "l’être suprême". C’est le 1er février 1816, il n’a que 63 ans.

Cette carte est à rapprocher de la carte d’indice 552.

Extrait d'un article de G. Taroni.



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