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La pétillante invention de Gosse et Schweppe

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Éditeur : AmateurN° de carte : -
Commune : GenèveLieu-dit : Place Longemalle

Le XIIIe siècle déjà s’enthousiasme pour les eaux de sources. On se précipite à Spa (Belgique), à Aix-les-Bains, à Loèche en Helvétie, à Courmayeur (Italie) ou à Seltz (Bas-Rhin), pour prendre les eaux, les boire ou s’y baigner. Elles sont réputées pour soigner toutes sortes de maux. Les cures demandent du temps et des moyens. Elles sont réservées à certains seulement. On a bien essayé quelques embouteillages, mais sans grand succès car elles perdent de leurs bienfaits pendant leur transport.

Depuis longtemps, des scientifiques se demandent s’il est possible de les produire en laboratoire. La plus ancienne des eaux minérales artificielles, celle qui créera plus tard le marché des soft drinks est née à l’ombre du Salève, à Genève. « Famous since 1790 ».

Sur les berges du Léman, trois scientifiques doués associent leurs savoir faire et leurs compétences pour une pétillante invention. Nicolas Paul est un ingénieur genevois, spécialiste des pompes. Henri-Albert Gosse (1753-1816) est un scientifique, un inlassable chercheur. Il a réalisé des travaux sur les sucs gastriques et la digestion. Il a pratiqué tour à tour la botanique, la chimie, la physiologie, l’histoire naturelle, la géologie et même dit-on les sciences occultes. Gosse a cherché à fabriquer des chaussures imperméables, à mettre au point un procédé de dorure moins nocif. Il a monté une fabrique de faïence fine et construit un dirigeable. Il est un des pionniers de la médecine du travail. Deux de ses mémoires sur les maladies des doreurs et des chapeliers ont été couronnés par l’Académie des sciences de Paris. Il est aussi et surtout un pharmacien dans la cité de Calvin qui apporte à l’entente, la caution du monde médicale. Le troisième est bijoutier à Genève depuis l’âge de 12 ans : Johann Jacob Schweppe (né en 1740 à Witzenhausen en Hesse et décédé en 1821 à Genève) est parvenu à créer des eaux minérales d’une qualité supérieure. Plutôt que de les jeter, il propose à des médecins de les distribuer gratuitement aux patients indigents.

En 1790, nos trois hommes s’associent et le 4 septembre, un prospectus paraît dans le journal de Genève. Les affaires reprennent grâce à la « machine de Genève », invention permettant de dissoudre du dioxyde de carbone dans de l’eau à l’aide d’une pompe ; le dioxyde est obtenu à partir de craie et d’acide sulfurique ; purifié ensuite avec de l’eau, puis placé dans un gazomètre, le gaz passe dans un réservoir de charbon de bois pour être filtré ; la pression exercée par un agitateur permet de dissoudre le gaz dans l’eau.

La carbonation supérieure de l’eau la recommande pour soigner les maladies du rein et de la vésicule, pour combattre l’indigestion et la goutte. Désabusés par l’indifférence des Genevois, les hommes sont sur le point de tout abandonner. Dix ans de travaux rayés d’un trait ? Un médecin britannique promet son appui et le 6 janvier la première usine ouvre à Londres, la « Schweppe, Paul and Gosse society ». Hélas les relations se tendent et l’association est rompue. Paul et Gosse se partagent l’actif genevois, Schweppe conserve la part britannique qui produit la Schweppe’s water.

La firme se développera et se diversifiera sans lui, qui revient à Genève. Paul transporte ses activités à Paris puis à Londres où il veut concurrencer son ex-associé. Gosse continue à produire de l’eau pendant quelques années encore à Genève. Mais il se disperse en diverses activités avant de se retirer sur le Salève.

L’aventure avait commencé à la pharmacie de la place Longemalle à Genève, à gauche sur la photo.

Cette carte est à rapprocher de la carte d’indice 237.

Extrait d'un article de G. Taroni.



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