La tour Bastian au Grand Piton et la Sorcière
Éditeur | : Gédéon Regard, Feigères | N° de carte | : 193 |
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Commune | : Beaumont (74) | Lieu-dit | : Grand Piton |
La célèbre tour des Pitons (ou tour Bastian) fut érigée entre 1820 et 1830 par Claude-François Bastian (1764-1838), notaire et maire de Frangy, alors propriétaire de l'alpage du Petit-Pomier. Il avait acquis le domaine le 18 mai 1795 lors de la vente des biens de la chartreuse de Pomier située sur la commune de Présilly. Claude-François Bastian était le fils de François Marie Bastian, avocat au Sénat de Savoie à Chambéry, et de la fille du notaire de Frangy. Claude-François Bastian fut élu le 9 mai 1828 correspondant de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie. Les descendants des Bastian demeurent toujours à Frangy dans la maison-forte près de l'église. La tour constitue le point culminant du Salève sur la commune de Beaumont, soit 1379 m. Elle reposerait sur un premier poste de guet datant du XIVe siècle édifié sur le plus beau lapiaz du Salève sur le plateau sommital au bord de la falaise. Elle servait de belvédère et offrait la vue au-dessus du rideau d'arbres.
Alphonse de Lamartine (1790-1869), auteur du poème le plus connu sur le Salève (dont les premiers vers commencent ainsi : "Te souviens-tu du jour où, gravissant la cime du Salève aux flancs azurés, dans un étroit sentier qui pend sur un abîme, nous posions en tremblant nos pas mal assurés ?") s'est souvent promené dans le massif avec son ami lord George Byron. Leurs deux noms sont d'ailleurs gravés sur une roche à quelques mètres au nord de la tour des Pitons ; il est peu probable que ce soit Lamartine ou Byron qui soient les auteurs de cette double inscription !
Le principal intérêt de cette carte postale (datant de 1905) réside dans le fait qu'il s'agit d'une image truquée ! En effet, les chamois ont disparu du Salève plusieurs millénaires avant notre ère. Et ils y sont revenus par le plus grand des hasards en 1944, en provenance de la région du plateau des Glières d'où ils avaient été chassés par les combats opposants les Résistants aux militaires de Vichy et à l'armée allemande. Le chamois a été ajouté au sommet du rocher de la Sorcière, tandis que l'arrière plan a été effacé par le photographe de Feigères, Gédéon Regard (1871-1918).
Cette photo est à comparer à la carte d’indice 104.
Collection D. Ernst.