Départ de la cavalerie pour l’exercice (avril 1938)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Genève | Lieu-dit | : La Jonction |
Image furtive du passage d'un détachement de cavalerie sur le pont de Saint-Georges. La troupe vient de quitter son cantonnement de la caserne de la rue Ansermet toute proche et se dirige vers la campagne pour l’exercice quotidien.
Comme pour les soins à prodiguer aux chevaux, des directives très précises sont énoncées pour l’exercice, dans la Revue militaire suisse de 1895, certainement inchangées depuis, qui ne laissent rien au hasard :
« Le départ est généralement fixé, lorsqu'on n'est pas à proximité immédiate de l'ennemi, à 5 ou 6 heures du matin en été et à 7 ou 8 heures en hiver. II doit toujours se faire au pas et cette allure doit durer 10 à 15 minutes. Après une demi-heure de marche on fera une inspection et l'on donnera aux cavaliers le temps de ressangler ou de revoir les détails du paquetage, du sellage ou du harnachement. Les officiers veillent pendant la marche à ce que les hommes se tiennent bien à cheval, les mauvais cavaliers blessent toujours leurs chevaux. C'est aussi le cas des hommes qui eux-mêmes sont blessés, la douleur qu'ils ressentent les engage ou les oblige à se porter sur un seul côté de la selle. Cette déviation ou plutôt ce déplacement du poids du corps en dehors de la ligne médiane, blesse invariablement les chevaux au garrot.
Selon l'état des routes, il y a lieu de prendre les précautions suivantes pour ménager les chevaux : d'abord, si l’on est sur une route dure, suivre de préférence le milieu de la route. Ce n'est pas ce qui se fait généralement, car on admet volontiers, dans l'armée, qu'il vaut mieux marcher sur les bas-côtés de la route à cause du plus de souplesse du terrain. Cette raison est certainement bonne, mais il est si rare de trouver des bords de route sur lesquels un cheval puisse trotter convenablement. Le plus souvent ces bords sont entrecoupés de rigoles transversales, de tas de pierres provenant du curage des fossés, on y rencontre souvent de gros cailloux. En outre, cette prétendue souplesse du terrain n'est vraiment à rechercher que si elle n'est pas trop prononcée. On admet qu'un cheval se fatigue moins en trottant sur un terrain mou que sur la route dure ; cela est vrai si ce terrain n'est qu'élastique comme un gazon sec, mais si l'empreinte des fers reste sur le sol, c'est-à-dire si le pied s'y enfonce seulement de l'épaisseur du fer, alors la peine du cheval en sera augmentée. De plus, si les bords de la route étaient toujours plats, nous dirions oui, mais comme il arrive presque toujours qu'ils sont inclinés au dehors, il en résulte que le bipède extérieur du cheval qui s'y meut se trouve plus bas que le bipède intérieur et les pieds du cheval, au lieu de tomber horizontalement sur le sol, se trouvent inclinés vers l'extérieur ; delà, surcroit de fatigue, efforts, entorses des articulations, tiraillement des tendons et ligaments articulaires. C'est là une cause déterminante d’apparition des formes sur un cheval. Ainsi nous pensons que le cavalier ne doit pas adopter comme principe de toujours marcher sur les bords de la route, mais qu'il doit choisir entre ceux-ci et le milieu de la chaussée et préférer cette dernière piste chaque fois qu'il ne trouve pas sur les bas-côtés une voie horizontale, non entrecoupée et pas trop tendre.
Dans les champs el les prés, les cavaliers doivent aussi ne pas abuser inutilement de leurs montures. Il nous est arrivé souvent de voir, en rase campagne, des dragons envoyés en reconnaissance s'embourber dans des marais ou sauter des fossés, alors qu'à quelques mètres plus à gauche ou à droite existait un bon terrain ou un pont.
D'autres se lancent sans nécessité dans un champ labouré au lieu de suivre un bon sentier qui longe ce même champ et conduit au même but. Ces vaillants sans but devraient être punis sérieusement. »
Cliché de Roger Hauert. Collection B. Hauert.