Quartier de l'Île. Bicycles à pédales (v. 1861)
Éditeur | : Musée de l’Automobile, Genève | N° de carte | : 1 |
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Commune | : Genève | Lieu-dit | : Quai des Bergues |
Cette carte postale des années 1960, porte en son dos la mention : Tableau de m 2.50x3.50 - Propriété du Musée de l’Automobile, de la Motocyclette et du Cycle - 20 bis, Quai du Cheval Blanc - 1 - Quartier de l'Île vers 1861 - Bicycles à pédales.
Cette série de cartes postales, reproduction des gigantesques tableaux ornant les murs, peints dans les années 1960 par l’artiste Aloïs Weber, étaient en vente au Musée de l’Automobile, de la Motocyclette et du Cycle. Ce musée situé au Quai du Cheval Blanc, dont on ne retrouve aucune mention à cet emplacement, est certainement l’ancêtre que le passionné d'automobile, le professeur Jean Tua, ouvre en 1993 à la rue des Bains.
Seul musée de Suisse à présenter des véhicules d'origine datant de 1877 à 1939, le musée Tua (Musée de l'Automobile, de la Moto et du Cycle à Genève) regroupe les noms les plus prestigieux de l'industrie automobile : Hispano, Voisin, De Dion-Bouton, Fiat, Delage, Citroën, Mercedes, avec des pièces uniques exposées en permanence, comme une Hispano-Suiza, construite par Fernandez et Darrin de Paris en 1936, une Citroën avant-gardiste de 1938, carrossée par le designer suisse Bernarth ou encore une Bugatti type 49, de 1932, carrossée par Ruckstuhl, etc.
Passionné de voitures depuis toujours, Jean Tua n’a qu’un rêve en tête : créer un musée de l’automobile à Genève en collectionnant avec passion depuis sa jeunesse toutes sortes de véhicules et en constituant une importante collection d'automobiles, de motos, de vélocipèdes ainsi que de nombreux objets, accessoires, pièces de toutes sortes, mais encore d'ouvrages et d'affiches. Il trouve, après bien des péripéties, un local dans les bâtiments de l'ancienne Société des Instruments de Physique (SIP) et durant douze ans le Musée Jean Tua émerveille ses visiteurs par la qualité et l’authenticité des véhicules rassemblés.
Cependant en 2005, Jean Tua est prié de déménager, au prétexte que la Ville souhaite récupérer les surfaces d'exposition au profit de l'extension du Centre d'art contemporain qui partage les mêmes murs. Confronté à tant d'ingratitude et à un relogement de sa collection en des lieux improbables, il décide alors, à 84 ans, de disperser sa collection auprès des amateurs qui sauront l'apprécier. Le musée Jean Tua ferme définitivement ses portes en 2006. Ulcéré, celui qui, il y a quelques semaines, venait encore au musée avec sa petite Fiat 126 qu'il garait entre les allées, a donc renoncé à son grand œuvre et à la donation à une ville aussi peu reconnaissante. Il a aussitôt décidé de choisir un commissaire-priseur français puisque l'administration communale lui avait insolemment suggéré de reloger la collection en France. « Mes voitures iront à de vrais amateurs qui sauront les préserver et les apprécier, mais la mémoire de l'automobile helvétique disparaîtra à jamais » constate avec amertume Jean Tua.
La peinture illustre deux vélocipèdes des frères Pierre et Ernest Michaux de Paris. L’invention du vélocipède, ancêtre de la bicyclette, est née de l’ingéniosité du serrurier français Pierre Michaux (1813-1883) qui, vers 1861, a l’idée d’équiper la roue avant d’une draisienne de repose-pieds, ou plutôt « d’un axe coudé dans le moyeu de la roue » qui le fera « tourner comme une meule ». Ainsi une invention simple mais primordiale voit le jour : la pédale. Les pédales sont fixées sur le moyeu de la roue avant et entraînent celle-ci, permettant à la bicyclette de bénéficier d’une propulsion constante, sans que les pieds touchent le sol. L'équilibre est obtenu à l'aide du guidon, mais on est condamné à pédaler sans arrêt ... En plus il faut pédaler vite pour avancer avec une petite roue à l'avant et entre 1865 et 1870 cette roue est agrandie pour aboutir au grand-bi, dont la construction est rendue possible par les progrès de la métallurgie, avec la réalisation de grand-bis en tubes d'acier vers 1872. Au cours des années 1860, le vélocipède de Michaux remporte un succès grandissant et nombre de constructeurs français entreprennent d’en fabriquer. Cette invention française se diffuse en Europe et en Amérique du Nord, mais plus qu’une simple innovation technologique, ce sont à la fois une idée nouvelle et un réel enthousiasme qui se diffusent. On peut ainsi lire dans « l’Illustration » : « Dans l'hygiénique évolution sportive à laquelle nous assistons en France depuis quelques années, le vélocipède tient une place de plus en plus importante que ses détracteurs eux-mêmes sont obligés de lui reconnaître, (…). Le vélocipède est un merveilleux instrument, un courrier fidèle et rapide et presque aérien dans sa gracieuse majesté, (…) c'est bien le seul explorateur de nos routes de France si délaissées aujourd'hui (…). La France est un pays où l'on commence à comprendre le mieux la valeur pratique du vélocipède et où il est le plus employé, surtout dans les campagnes, par les médecins, ecclésiastiques, notaires, huissiers, percepteurs, voyageurs de commerce, etc. (…). Aucun autre sport ne saurait mieux réaliser que lui la fameuse formule de l'agréable dans l'utile. Course, tourisme, hygiène et patriotisme, tel est son vaste domaine. L'avenir est au vélocipède ».
Afin de décorer un musée consacré aux différents types de véhicules, le peintre Aloïs Weber s’est certainement inspiré d’illustrations disponibles à l’époque pour faire apparaître dans des lieux célèbres de Genève des véhicules dont la majorité ne s’y sont vraisemblablement jamais trouvés.
Cette carte postale fait partie d’une série de sept cartes (indices 1425 à 1431).
Collection Bernard Hauert.