Jean Excoffier (1910-1974)
Éditeur | : Amateur | N° de carte | : - |
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Commune | : Annemasse | Lieu-dit | : La gare SNCF |
Le 24 mai 1947 le cheminot Jean Excoffier (1910-1974) eut l’honneur de conduire la locomotive à vapeur du train présidentiel arrivant à la gare d’Annemasse (Haute-Savoie). Vincent Auriol (1884-1966), président de la IVe République de 1947 à 1954, a parcouru les principales artères de la ville, il a décoré mesdames Naudin et Métral de la Croix de Guerre ainsi que d’autres résistants. L’ancien maire d’Annemasse, Jean Deffaugt (1896-1970) a reçu la médaille de la Résistance et la légion d’Honneur devant l’ancienne prison du Pax.
La carrière professionnelle de Jean Excoffier s’est déroulée essentiellement sur Annemasse où il gravit les échelons passant traditionnellement d’ouvrier (ou ajusteur) à la « boîte » (l’atelier de réparation des locomotives en argot de métier) puis « roulant », d’abord comme chauffeur, puis élève mécanicien, pour terminer « Mécanicien de route », la consécration !
Jean était l’aîné d’une fratrie de six enfants. Son père, François (1882-1932) était vigneron indépendant, travaillant des vignes qui lui étaient confiées sur Suisse autour de Landecy. Sa mère, Angelina, née Clertant (1880-1962), était garde-barrière au passage à niveau du chemin des Crêts d'Acier (Archamps) sur la ligne Bellegarde-Annemasse, de 1905 à 1935. Jean Excoffier y a sans doute « attrapé le virus » du Chemin de fer, comme son frère Louis (1915-2003) lui aussi cheminot roulant.
Jean s’est illustré vers le milieu de sa carrière par des qualités de mélomane. Il est incontestable que c’était lui qui « entonnait » allègrement les onze premières notes de « Au clair de la lune » avec le sifflet de sa locomotive. On dit que c’est de cette manière qu’il aurait voulu saluer l’admission de ses deux garçons dans la fanfare de Ville-la-Grand... Rapidement il a été imité avec plus ou moins de talent. Cette fantaisie musicale fut interdite, voire sanctionnée pécuniairement pour les contrevenants.
Commentaire d'une lectrice musicienne et ferrovipathe : « Le sifflet "vapeur" ne produit que deux notes et la seule chose que le mécanicien pouvait réellement faire, c'est produire le rythme de "Au clair de la lune". »
Sources : Roland Excoffier, neveu de Jean Excoffier, M. Porée et l’ouvrage de Guy Gavard et Robert Amoudruz : « Annemasse, la frontière et Genève - 1939-1945, Une histoire singulière », édition La Fontaine de Siloé, 2015.